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d’en dresser comme la table des matières. Après avoir, en un préambule, indiqué la méthode d’Aristote, M. de Vorges nous donne sa théorie de la formation des premiers principes. Il trouve ensuite l’idée de cause dans l’activité du moi et le principe de causalité n’est que l’universalisation de l’idée de cause. Passant après à la causalité divine, l’auteur en décrit les effets et en tire enfin une théorie de la nature des causes créées et de leurs déterminations. Un dernier chapitre nous expose la théorie des causes finales. — À lire cet aperçu, le lecteur pourrait croire que M. de Vorges ne fait que répéter ce qui se trouve dans tous les cours de philosophie. Outre qu’il n’est jamais mauvais de repasser ses auteurs et que nous ne brillons pas en général par une connaissance bien précise des théories les plus fondamentales, ce serait là une erreur et il y a dans cette brochure bien des idées qui contredisent tout ce qui est communément enseigné sur la foi de Descartes ou de Kant. Ces idées sont d’ailleurs exprimées en fort bon style, avec clarté et avec méthode et la logique en est très serrée.

G. F.

A. Castelein. Cours de philosophie. T. I, Logique, in-8o, 525 p. ; t.  II, Psychologie, in-8o, 706 p. Namur, Douxfils, 1887-1890.

Ces deux volumes sont les premiers d’un cours de philosophie scolastique, où se montre une vive préoccupation de montrer l’accord des principes du thomisme avec les découvertes les plus récentes de la science. Cette préoccupation, déjà très visible dans la Logique où sont analysées avec beaucoup de soin les principales découvertes de Claude Bernard et de M. Pasteur au point de vue de la méthodologie, est encore bien plus accusée dans la Psychologie où un appendice, qui tient plus de la moitié du volume, est exclusivement consacré à mettre les thèses scolastiques sur l’âme en regard des découvertes les plus récentes de la physiologie. C’est là ce qui fait le principal intérêt de l’ouvrage et par là il mérite d’être signalé à nos lecteurs. Il le mérite aussi par l’ouverture d’esprit dont il témoigne. Le P. Castelein n’a pas peur de la science ni des découvertes modernes. Il les expose et les tire à lui, ce qui est assurément plus habile que de les contester ou de les nier. — Cependant il semble qu’il eût pu donner une saveur plus grande à ses deux volumes s’il s’était rapproché davantages des sources de la scolastique. Une étude plus attentive de l’Organum eût rajeuni sa Logique et je ne suis pas sûr qu’une méditation plus profonde du de Anima n’eût pas changé quelque chose à sa Psychologie. Je n’ai, pour ma part, aucune hostilité préconçue contre la scolastique, mais cependant je résisterai longtemps, en présence des expériences de Huiler, de Helmholtz et de Tyndall, à admettre que la couleur que nous voyons est la même dans l’objet qu’elle est en nous Aristote ne