Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
notices bibliograpuiques

dans cet état on peut, en ouvrant un œil ou en le fermant, exciter ou paralyser un hémisphère cérébral, et il croit pouvoir étudier ainsi la parole et l’écriture provenant de l’hémisphère droit aussi bien que de l’hémisphère gauche (123).

L’idée générale qui domine cette étude, c’est que dans l’état hypnotique « la vie du cerveau est éteinte instantanément comme un flambeau sur lequel on souffle, et l’individu ainsi décapité moralement ne vit plus que par les activités réflexes de la moelle épinière qui acquiert une suractivité d’autant plus grande que l’action modératrice de l’encéphale a cessé de se faire sentir » (8). « Dans le somnambulisme, le sujet perd les notions acquises par l’expérience, notions qui sont d’ordre psychique et intellectuel… Son esprit est plus éclairé que par la vision physique des objets : en présence d’un miroir il croit qu’il y a une personne cachée derrière… Il ne reconnaît plus sa propre figure, car il a perdu la notion de la personnalité. »

Cette manière d’étudier le somnambulisme, sans tenir aucun compte de l’état moral du sujet, et en supposant qu’il est incapable de sentir, d’apercevoir les signes les plus délicats, de comprendre et de raisonner, nous semble bien dangereuse et nous regrettons que l’auteur n’ait pas fait dans son travail une part plus importante à la psychologie.

Pierre Janet.

E. Domet de Vorges. Cause efficiente et cause finale, in-8o, 136 p. Paris. Bureaux des Annales de philosophie chrétienne, 1889.

Des circonstances tout à fait indépendantes de notre volonté nous ont mis fort en retard avec cet écrit où M. de Vorges complète sa précédente brochure : la Constitution de l’être selon la doctrine péripatéticienne. C’est encore à la doctrine d’Aristote et à la scolastique qu’il emprunte ses idées et ses principales formules. À ce titre, ce travail, comme son aîné, mérite d’être consulté par tous ceux qui veulent avoir une idée nette et juste de la méthode et des doctrines de la véritable scolastique. En y ajoutant le beau livre du P. de Régnon sur la Métaphysique des causes, on aurait ainsi tout le principal des doctrines du moyen âge. Nous sommes fort ignorants en ces matières et, ne fût-ce que pour mieux comprendre ses origines et le développement de la philosophie moderne depuis Descartes, il ne serait pas inutile que nous fissions quelques voyages de découvertes à travers ces terres presque inexplorées. Les travaux de M. de Vorges seraient une bonne et presque nécessaire introduction à l’étude immédiate des textes. De cette étude faite par des esprits déjà imprégnés des théories modernes pourraient jaillir bien des aperçus nouveaux.

Je ne puis indiquer par le menu les idées de M. de Vorges et résumer son travail, qui est lui-même fort condensé. Je me contente