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droit qui est mis en action » (29). Nous ne pouvons choisir un exemple plus probant que le suivant : « Un gramme de pilocarpine est-il placé sur le côté gauche du cou, le sujet exprime une série de sentiments tendres : Viens, viens, dit-elle, rapproche-toi de moi, tu sais bien que je t’aime. Met-on la même substance du côté droit, elle s’écrie : Vat’en, je te déteste » (129). N est-il pas naturel d’essayer maintenant l’action de ce tube placé sur la ligne médiane du corps, le sujet se met à murmurer : « Tout m’est égal, je veux et je ne veux pas, reste, pars, si tu veux », et bien plus, au bout de quelques minutes, cette jeune femme vivement sollicitée et fortement émue de son embarras, balancée qu’elle était entre ses appétitions amoureuses et le respect de sa chasteté, trouve la solution typique de sa situation et soudainement heureuse d’avoir rencontré la solution qui doit la tirer d’embarras, elle s’écrie tout d’un coup : « Oh ! je me marie » (132).

On trouvera aussi dans ce livre d’autres études sur le transfert des maladies d’une personne à une autre, grâce à l’action de l’aimant qui avait été signalé par M. Babinski, et sur la fascination par le miroir à alouettes en rotation.


J. Luys. Leçons cliniques sur les principaux phénomènes de l’hypnotisme dans leurs rapports avec la pathologie mentale. Georges Carré, 1890, in-8o, iv-288 p., avec 13 planches.

Dans ces leçons, M. le Dr Luys reproduit les théories anciennes sur les principaux phénomènes de l’hypnotisme, en particulier la division de cet état en trois phases distinctes, telle que l’a enseignée l’école de la Salpétrière. Ces questions étant fort connues, nous passerons rapidement. On peut comparer, suivant notre auteur, « la sériation des phases hypnotiques à une sorte de puits creusé à travers trois couches stratifiées dans un certain ordre. L’état somnambulique est représenté par les couches les plus superficielles, l’état léthargique par les couches les plus profondes, l’état cataleptique est l’intermédiaire » (22). M. L. décrit les caractères qu’il a constatés dans chacun de ces états. Dans la léthargie, outre les contractures souvent décrites, l’auteur constate une hyperesthésie particulière. « Les sujets hypersensitifs sentent les impressions lumineuses irradiées d’une boule colorée à travers l’épaisseur d’un écran interposé » (45). Dans la catalepsie, il insiste sur les états dimidiés (51), et, dans le somnambulisme, sur la théorie physiologique des suggestions. « La suggestibilité est due à la rétrocession de la volonté consciente qui disparaît avec la personnalité annihilée expérimentalement… La volonté doit être considérée comme une force diffuse générale répartie sur l’ensemble des cellules psychomotrices ; cette force, toujours à l’état de tension, leur communique les stimulations incessantes du rayonnement à travers l’écorce de la personnalité consciente incessamment en éveil » (176-178). M. Luys prétend aussi que