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UN DOCUMENT INÉDIT

SUR LES

MANUSCRITS DE DESCARTES


Il m’a été permis d’étudier dans la bibliothèque d’un amateur un volume qui n’est pas sans intérêt pour l’histoire du cartésianisme et qui fournit quelques renseignements sur les manuscrits perdus de Descartes. On sait que ces manuscrits, qui étaient en la possession de Clerselier, disparurent après la mort de l’abbé Legrand (1704), à qui Clerselier les avait légués[1] ; Leibniz en avait copié des fragments du vivant de Clerselier ; les copies de Leibniz ont été retrouvées à Hanovre par M. Foucher de Careil et publiées par lui ; tout le reste paraît définitivement perdu. Nous apportons aujourd’hui un nouveau témoignage sur ce fonds Clerselier, témoignage dont nous ne voulons pas essayer d’exagérer l’importance, mais qui mérite pourtant d’être signalé, d’autant plus qu’il peut mettre sur la voie de nouvelles découvertes.

Notre document est un exemplaire des Principes de Descartes, édition de 1659. C’est là la « seconde édition françoise ». L’ancien possesseur du volume a écrit ces mots sur le titre, ainsi que d’autres renseignements bibliographiques et son nom : « Ex libris Annæ Josephi de Beaumont ». L’ouvrage est couvert de notes de sa main ; les unes, tracées sur les pages blanches du volume, sont des vues générales sur Descartes et sa philosophie ; Beaumont s’y montre adversaire déclaré du péripatétisme et partisan enthousiaste de Descartes ; les autres, marginales, étaient évidemment destinées à éclaircir, à commenter, pour l’usage et la satisfaction du possesseur, le texte des Principes. Beaumont a lu et relu ce volume à plusieurs reprises ; car les notes en

  1. Millet, Descartes avant 1637, p. xxi. Que sont devenus, à leur tour, les documents réunis par Millet pour une édition complète de Descartes (Ibid., p. xiv), à laquelle ses deux volumes sur Descartes avant et depuis 1637 devaient servir d’introduction ?