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CONTRIBUTIONS PSYCHO-PHYSIQUES À L’ÉTUDE ESTHÉTIQUE

(Suite[1]).

VI

Ce rapide exposé nous permet de poser les principes essentiels de toute recherche esthétique sérieuse. Nous séparons trois genres parfaitement distincts d’effets produits par la musique : les satisfactions qui se rapportent au goût ne sont susceptibles d’aucune analyse scientifique ; — l’émotion sensorielle est la partie principale des sentiments provoqués par l’art, mais elle ne mérite pas le nom d’esthétique ; — nous réservons cette dernière qualification pour les résultats moraux que nous avons reconnus.

Wundt est loin d’avoir sur cette question une doctrine complète et satisfaisante ; il dit bien que[2] « l’efficacité des représentations esthétiques repose toujours sur l’éveil des idées morales et religieuses » ; mais il appelle encore esthétique le simple plaisir provoqué par une consonance, et dans ses exposés il ne tient pas grand compte du principe précédent.

On regarde, le plus souvent, les sentiments de plaisir et de peine comme des éléments simples, susceptibles d’une étude scientifique et propres à fournir la base des théories esthétiques. On comprend dès lors facilement que les philosophes ont dû faire de grands efforts pour obtenir une définition claire et satisfaisante du plaisir. On semble tendre à admettre, avec Kant, qu’il faut ainsi désigner un sentiment d’excitation favorable à la vie ; mais cette formule est un peu vague et ne permet pas d’aller bien loin.

On doit à M. Féré un certain nombre d’expériences d’un haut

  1. Voir le n° du 1er juin 1890, tome XXIX.
  2. Éléments, etc, t.  II, p. 215.