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j.-m. guardia. — philosophes espagnols (j. huarte)

ont écrit l’ont fait en latin, de sorte que leurs livres sont lettre morte, estase esto encerrado en los libros. C’est l’amour du bien public qui inspire le publiciste, fort d’une expérience de quarante-trois années d’enseignement, qui lui ont appris combien les modernes sont inférieurs aux anciens pour ce qui est des écoles où doivent se former les serviteurs de l’État. Il va de soi que l’école primaire, alors dans l’enfance, n’entre point dans l’examen des causes de la déplorable décadence des études classiques et supérieures.

Le vice radical consiste à enseigner dans une langue hors d’usage, qui est une gêne pour les maîtres autant que pour les écoliers : on sait que le latin trônait dans les écoles. Le temps perdu à apprendre très mal les langues mortes pourrait être utilement employé à l’acquisition de la science des ctioses, pour laquelle éprouvent un insurmontable dégoût les jeunes gens qu’on oblige, durant les meilleures années, à poursuivre des études inutiles, emperezan à pasar adelante à los estudios de las cosas ; de sorte que, une fois libres, ils se livrent par réaction à des goûts et à des exercices qui éteignent la raison et la lumière naturelle, que estragan la lumbre natural de la razon.

Un autre vice capital de l’enseignement est de mêler à l’exposition de la science mille choses impertinentes, en vue de faire valoir le savoir du maître : l’abus d’une érudition intempestive sévissait alors comme un fléau. Le maître parlait volontiers de tout, hormis du sujet, moins jaloux de montrer son esprit que de prouver qu’il l’avait bien meublé. Les chaires appartenaient aux sots savants, et les cours se faisaient à l’aide de citations.

Une autre cause de la décadence des études, c’est que presque tous les écoliers étudient moins pour s’instruire à fond que pour avoir des titres et des parchemins. De là une industrie lucrative et détestable : la préparation aux examens par les manuels, les abrégés, les résumés, por compendios, sumas ó sumarios, qui tuent la curiosité et l’amour de la lecture.

Voilà pour l’étiologie générale. Vient ensuite une revue sommaire des matières de l’enseignement. C’est par la grammaire que l’auteur commence : il demande que la langue nationale, enseignée dès l’enfance, devienne la base des études, et que tout enseignement soit donné en cette langue vulgaire. La grammaire doit se réduire au plus essentiel, à un petit nombre de règles clairement exposées et suivies d’exemples choisis avec discernement. Au lieu de confier ces règles à la mémoire, il vaudrait mieux l’enrichir de faits et de préceptes utiles aux bonnes mœurs. C’est par la lecture attentive des auteurs que les règles se gravent dans l’esprit. Point de thèmes ;