Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
revue philosophique

existe, il vaut un trésor, puisqu’il renferme les modifications capitales qui furent introduites dans les éditions ultérieures, du moins en ce qui concerne les suppressions. Le compilateur assure que tout ce qui avait été retranché ou biffé dans cet exemplaire de la première édition 1580, manque aussi dans l’édition célèbre de 1603, publiée à Médina del Campo, qu’il possédait également, de même que celles de 1607 et de 1668. S’il avait pris la peine de dire en quoi ces éditions, qu’il tenait pour les principales, se ressemblent ou diffèrent, il aurait jeté un peu de jour sur cette obscure question de bibliographie. L’important serait de pouvoir suivre la lutte sourde de l’auteur contre les douaniers du Saint-Office, et les mille tours qu’il imagina pour déjouer leur vigilance. Un point essentiel serait de savoir si Huarte vivait encore en 1603, quand parut cette édition de Médina del Campo, source probable de toutes les éditions subséquentes qui furent publiées en Espagne, avant celle de 1846. Encore une fois, c’est en Espagne seulement que la question pourrait être élucidée, sinon entièrement résolue. C’est en Espagne que doit se trouver, si elle existe réellement, l’édition de Baeza (1575), celle de Pampelune (1578) ; les éditions de Bilbao et de Logrono (1580), de Huesca (1581), de Baeza (1584, 1594), de Médina del Campo (1603), de Barcelone (1607), d’Alcala (1640), de Madrid (1668), de Grenade (1768), auxquelles devrait être ajoutée celle de 1592, revue par l’auteur, et par là très importante. Seulement il serait prudent de ne se prononcer que d’après le témoignage authentique des imprimés, sans tenir compte de tous ces millésimes allégués pêle-mêle par des compilateurs vulgaires qui ne respectent pas plus les chiffres que les textes et les citations.

Il va sans le dire qu’on examinerait toutes les éditions belges et hollandaises, ainsi que les traductions, de façon à réunir en un seul faisceau tous les rayons de lumière. Remarquons en passant que la naïve et piquante traduction française de Gabriel Chappuis, tant de fois reproduite, est de l’année 1580. Ceux qui veulent que le manuscrit de y l’Examen fût prêt à imprimer dès l’année 1557, prétendent que l’ouvrage reçut l’approbation d’un Dr Hérédia, le 15 août de la même année, qu’il fut ensuite revu à Pampelune par Fr. Gabriel de Alava, le 26 août 1578, et finalement approuvé par l’ordinaire de Huesca, en 1580. Le rapprochement de ces trois dates montre que la première est fausse ; il faut lire 1575 au lieu de 1557 ; et il rend très probablel’opinion suivant laquelle l’Examen vit pour la première foisle jour en l’année 1580. En confrontant les éditions qui parurent simultanément en Espagne et aux Pays-Bas, dans le courant du xviie siècle, on saurait enfin si l’ouvrage put échapper, au delà de la frontière