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Un même esprit anime la seconde étude de ce volume de M. Lopatine, qui n’est pas sans avoir exercé quelque influence sur M. Grote, comme celui-ci nous l’apprend lui-même. M. Astafief pose de même la question en métaphysicien. MM. Bougaief, Korsakof, Tokarsky, au contraire, prennent la liberté dans ses conditions empiriques. M. Korsakof, principalement, nous donne un exposé systématique des objections qu’il dirige contre les théories de MM. Grote et Lopatine.

F. Lannes.

CORRESPONDANCE

Monsieur et cher Directeur,

Je viens de lire, dans le dernier numéro de la Revue philosophique, quelques pages signées de M. Alexis Bertrand, où je trouve les passages suivants : « M. Picavet incline à voir dans le Mémoire sur l’habitude et surtout dans le manuscrit qui en est l’ébauche et qu’il a eu le bonheur de découvrir à l’Institut, des tendances sensualistes et matérialistes… D’après un discours inédit sur l’Homme, qui m’a été communiqué au nom de Mme Savy de Biran et dont la date est certainement 1794, à une année près, il me semble que M. Picavet a été trop affirmatif dans ses conclusions : Biran est femme ; s’il varie dans l’expression de sa pensée et s’il songe trop aux juges qui couronneront son mémoire, il ne varie guère dans les manifestations de ses tendances ; c’est un spiritualiste de sentiment, d’inclination, en dépit de quelques formules équivoques dont M. Picavet me semble forcer un peu le sens et la portée. En tout cas, son sommeil matérialiste eût été bien court et bien vite renié, puisqu’il n’aurait laissé de traces que dans un manuscrit aussitôt rectifié qu’écrit (p. 90). »

Voulez-vous me permettre de présenter, très brièvement, quelques observations nécessaires pour que vos lecteurs ne se méprennent pas sur le sens des conclusions auxquelles j’ai été conduit par l’examen des deux manuscrits de Biran, dont vous avez bien voulu annoncer la découverte ? (Rev. ph., 1889, août, p. 223[1].)

1o J’ai affirmé que Biran n’est pas revenu de Condillac au spiritualisme, comme on le dit ordinairement, mais qu’il est revenu, par Condillac et Bonnet, au spiritualisme.

2o Je n’ai pas parlé des tendances sensualistes de Biran, et je me permets de renvoyer à un travail sur les Idéologues français, qui paraîtra

  1. Les conclusions du Mémoire que j*ai lu à l’Institut et auquel fait allusion M. Bertrand y sont résumées.