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revue des périodiques russes

velle étude de M. Grote. La philosophie est pour lui une synthèse universelle de la connaissance, ayant trois sources distinctes, la raison basée sur l’expérience, le sentiment intuitif et l’imagination constructive. C’est par la réunion de ces facteurs complexes en un tout harmonique que la philosophie, la sagesse générale ou le savoir par excellence, se distingue de la science spéciale, de l’art et de la religion qui s’adressent séparément à chacune des sources de la connaissance et qui ont pour but de satisfaire, pour ainsi dire, isolément et à tour de rôle, les aspirations légitimes de la raison, de l’imagination et du sentiment. Historiquement, la philosophie a toujours eu pour fondements immédiats la science, l’art et la religion d’une époque ou d’un peuple donnés ; et il devra en être de même dans l’avenir. Il ne faut ni confondre la philosophie avec l’un quelconque de ses trois éléments constitutifs, ni rompre les liens qui la rattachent également à tous les trois. Mais cette double erreur a été souvent commise, et elle a toujours porté le plus grand désarroi dans les intelligences. Aujourd’hui la cause du mal gît dans la confusion de la philosophie avec la science, d’une part, et, de l’autre, dans la rupture des liens qui l’unissent à la religion rationnelle ou naturelle, qui seule est capable de venir à bout des antinomies de la raison humaine et qui peut seule fournir une base stable à l’activité morale. Quant à la métaphysique, elle représente, à proprement parler, le côté rigoureusement scientifique ou logique de la philosophie. Socrate et Platon lui donnaient avec raison le nom de dialectique ; elle est la théorie de la connaissance, envisagée non plus comme une division de la psychologie, mais comme une véritable ontologie, comme la science des principes généraux de l’être. La nier ne sert à rien, car, ce faisant, nous énonçons encore, comme les anciens sceptiques en doutant de tout, une affirmation, nous formulons une conception générale sur la nature des choses et les lois de l’existence.

M. Grote compare aussi la métaphysique à la mathématique. Le rôle joué par la dernière dans la série des sciences spéciales appartient, selon lui, dans le domaine des connaissances philosophiques, à la métaphysique. Ce caractère la différencie de la psychologie ou, plutôt, de la théorie psychologique de la connaissance ; car si cette dernière science est une physique ou une chimie de la connaissance, la métaphysique en est la véritable mathématique, une science purement rationnelle et déductive.

N. Chichkine. Des phénomènes psycho-physiques au point de vue de la théorie mécanique de l’univers (second article). — L’auteur continue la série de ses intéressantes et consciencieuses études sur le mécanisme psycho-physique. Après avoir montré que la supposition d’un « milieu impondérable » tel que l’éther suffit à expliquer les phénomènes de la pesanteur et de l’électricité, il se demande si une hypothèse analogue ne serait pas applicable à l’explication de la plupart des phénomènes psycho-physiques, et il se prononce pour l’affirmative.