Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
revue philosophique

faits psychiques ; il examine ensuite, dans une synthèse spéciale, le sentiment, l’instinct, la sensation, la pensée (aperception et conscience), la volonté, la mémoire, l’intelligence, l’idée, et deux aspects de la vie psychique rapprochés d’une manière assez inattendue, le sentiment religieux et la prostitution.

Pourquoi le sentiment avant l’instinct ? C’est que l’instinct, selon M. Marchesini, est le sentiment dans sa primitive extrinsécation. Il ne définit d’ailleurs bien clairement ni l’un ni l’autre. « Le sentiment est dans les phénomènes psychiques ce qui dans un mécanisme répond à une excitation donné. Un fer aimanté répond, par exemple, à sa magnétisation parce qu’il en sent les effets. Il en est de même du mécanisme psychique. Un acte de l’esprit (psyché) a sa raison dans le sentiment qui, en étant cause, est ensuite effet des autres faits. Ainsi l’activité substantielle et l’unité du moi sont constituées par l’activité et l’unité du sentiment. » Outre la définition déjà donnée de l’instinct, il donne aussi la suivante : « c’est l’expression du besoin. » Cette définition, qui ne s’applique pas seulement à rétro animal, mais qui peut s’étendre à toutes les manifestations de l’être, est loin de nous expliquer la nature de l’instinct. L’auteur ne nous instruit pas davantage quand il nous dit que la conscience a son fondement dans la sensibilité, et que l’intelligence est le résultat des diverses modifications psycho-physiques, ou qu’il nous dit de la volonté : « Le degré intensif des représentations détermine implicitement un degré aperceptif des représentations elles-mêmes. Ensuite, celles-ci, en se combinant, donnent un résultat que nous appelons volonté, de la même manière qu’une modification donnée dans un mécanisme physique y produit un nouveau développement d’activité. Cette nouvelle activité psychique après une certaine limite d’excitation est à son tour aperçue, c’est-à-dire se rend consciente. »

L’auteur, qui laisse à désirer par la clarté des détails, se relève par l’esprit général de son étude, qui est strictement expérimentale. La psychologie ne va pas pour lui sans la biologie ou la physiologie. Les lois de la vie sont les lois de l’esprit. « Dans l’immensité de l’infini vivant l’organisme psychologique de l’homme est la synthèse des forces naturelles les plus élevées et les plus fécondes. Les lois de la nature se compénètrent en lui avec leur plus grande concentration, de manière à rendre possible leur réduction, sinon à une seule loi, comme l’admet Mill, du moins à un petit nombre de lois. Cette compénétration nous montre, dans l’objectivité de la vie matérielle et psychique, le caractère unitaire de la vie. » Cette dernière citation suffit pour faire, malgré tout, l’éloge de ce petit livre.

Bernard Perez.

P. Ceretti. Saggio circa la ragione logica di tutte le cose, traduit du latin par C. Badini et E. Antonietti. 2 vol.  in-8o, 9304 p. ; Turin, Union typographique, 1888.