Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
revue philosophique

voyage à travers des régions mal connues. Privée de toute illustration, de faits explicatifs, une suite de chapitres abstraits ne peut suffire à donner des conceptions précises, mais les idées sommaires qu’elle donne préparent la voie aux idées développées que donnera l’étude des ouvrages eux-mêmes. M. Spencer conseille de ne lire le résumé que par petites portions, de prendre chaque fois une section et de s’attacher à trouver des faits qui mettent l’idée en relief, avant d’aller plus loin. Il nous donne à son tour un exposé sommaire en trois pages de ses principales thèses philosophiques, qui représente en quelque sorte un abrégé de l’abrégé de M. Howard Collins.

Fr. P.

G. Cimbali. La volontà umana in rapporto all’organismo naturale, sociale e giuridico. 128 p. in-8o ; Bocca édit., Roma, 1889.

Les conclusions de l’auteur ne seraient point les nôtres ; mais les prémisses en sont riches d’informations toujours intéressantes à lire, et son spiritualisme droit et tempéré veut se faire accepter plutôt qu’il ne prétend à s’imposer. Avec cela, ses critiques touchent plus d’une fois ses adversaires au défaut de la cuirasse.

L’auteur déplore l’altération de la conscience morale, et il en donne les raisons et les conséquences : le pessimisme dans la philosophie et dans l’art, le nihilisme en politique, l’abaissement de la valeur individuelle de l’homme dans les conceptions naturelles, sociales, morales et juridiques. Il proclame la nécessité d’une réaction, il appelle le triomphe de la volonté libre et consciente de l’homme. Pour son compte, il contribuera à faire naître une théorie mettant d’accord les moralistes sur le rôle de la volonté dans les actes juridiques.

Dans la première partie, l’auteur examine les doctrines des déterministes. Il cherche à réconcilier avec le spiritualisme les faits empruntés aux sciences naturelles, mais en leur donnant une signification bien différente de celle que lui donnent les négateurs du libre vouloir. « Le progrès des sciences naturelles, dit-il, des sciences physico-psychologiques, de la science statistique, peut seul expliquer les phénomènes et mettre en relief les lois des phénomènes dont nous sommes le théâtre, mais non détruire ou diminuer la source vraie, indéfectible, éternelle de ces mêmes phénomènes, qui est la personnalité humaine, le principe actif de l’homme, l’esprit qui l’anime et le meut avec intelligence et conscience. Mal à propos quelques-uns des partisans de la liberté du vouloir ont cru la défendre mieux en demandant, à titre de grâce, la concession d’un simple moment dans lequel l’homme agit libre de la force déterminante des conditions psychiques et physiques. Non, pas même un instant, l’homme n’est libre de ces forces, qui constituent son humanité, et en ceci les déterministes ont raison. Mais nonobstant leur nécessité, l’homme est libre parce qu’il a conscience de lui-même,