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ANALYSES.pfleiderer. Für Lösung der Frage.

M. M. termine son travail par des théories qui nous paraissent fortement hypothétiques et dont l’une consiste à tenter une interprétation physiologique de la loi de Weber, en rattachant cette loi à la théorie précédemment développée par lui de la tension musculaire et, par l’intermédiaire de celle-ci, aux phénomènes de la mécanique musculaire.

B. Bourdon.

Dr Edmund Pfleiderer. Für Lösung der platonischen Frage. Freiburg, Paul Siebeck, 1888, 116 pages in-8o.

Le travail de M. Pfleiderer présente une nouvelle tentative, assez habile et intéressante, de résoudre le grand problème de l’ordre chronologique et de la suite logique des écrits de Platon, en prenant pour point de départ l’étude approfondie de la République, ouvrage qui, d’après plusieurs critiques (Hermann, Krohn, etc.), peut seul donner la clé de l’œuvre du grand Hellène. Il est impossible de nier les contradictions qui fourmillent dans les ouvrages de Platon ; elles ont amené quelques savants à rejeter l’authenticité d’une grande partie de ses écrits : n’est-on pas allé jusqu’à avancer que le seul ouvrage qui soit vraiment de Platon, c’est la République ? (A. Krohn, der Platonische Stadt, 1876.) M. Pfleiderer croit qu’il n’est pas nécessaire de pousser si loin la critique ou l’hypercritique, comme disent les Allemands. Il pense que la plupart des contradictions que nous rencontrons dans Platon s’expliqueraient d’elles-mêmes si l’on savait classer les écrits du philosophe dans leur ordre véritable. Or, cet ordre, nous ne pourrons le découvrir, dit M. Pfleiderer, que si nous nous débarrassons d’un préjugé consacré par les siècles, à savoir la croyance à l’unité littéraire de la République. Suivant le critique allemand, la République serait composée de 3 parties très distinctes la première (que M. Pfleiderer appelle A) serait formée par les livres I à V 3/4 (c’est-à-dire jusqu’au passage V, 471 c, cap.  17) et par les livres VIII et IX ; la deuxième (AB) serait contenue dans le livre X, et la troisième (B) s’étendrait depuis le passage V, 471 c, jusqu’à la fin du livre VII.

D’après M. Pfleiderer, ces trois parties différent profondément l’une de l’autre par les idées que l’auteur y expose et n’ont pu être composées qu’à des époques séparées par de longs intervalles.

La partie A aurait été composée à une époque où Platon était encore un pur socratique par l’esprit, c’est-à-dire lorsque le fond de sa pensée était sensiblement réaliste et optimiste pendant cette période de sa vie, Platon ignorait encore la théorie des idées (en tant que substances transcendantes). Pfleiderer passe en revue avec beaucoup de soin les différents passages de la partie A où l’on pourrait voir des allusions à cette théorie et montre que celle-ci n’y est impliquée nulle part. Outre l’absence de la théorie des idées, cette partie de la République se dis-