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lisation du son en général, que le serait celle de la hauteur absolue du son, s’il s’agissait d’étudier l’aptitude à discerner les sons. Il nous semble qu’ici M. M. conclut trop vite ; la question de la hauteur absolue d’un son est au fond toujours une question de hauteur relative et tout homme bien doué pour la perception de différences de son juste perceptibles est également bien doué, croyons-nous, pour celle de hauteurs absolues, pourvu qu’on pose à cet homme la question intelligemment, c’est-à-dire que, s’il ne sait pas la musique, on lui demande, non pas si telle note est un do ou un re de telle octave ou de telle autre, mais, par exemple, si telle note lui paraît plus élevée ou plus basse que celle qu’il donne lui-même quand il parle avec calme. De même, la localisation absolue ou la localisation relative d’un objet, d’un son, sont au fond la même chose et il n’y a pas de différence essentielle entre localiser un son à droite d’un autre ou le localiser simplement et absolument à droite.

Relativement à sa théorie de la localisation des sons par des sensations musculaires, M. M. explique l’accroissement du minimum de déplacement perceptible, quand on passe de 0° (devant la tête) à 180° (derrière), par l’intensité croissante de l’effort musculaire qu’on se représente et qu’il faudrait faire pour imprimer à la tête des rotations correspondantes : cette intensité croissante entraîne, conformément à la loi de Weber, l’accroissement des différences juste perceptibles.

Les expériences faites dans les deux autres plans, d’autres expériences encore relatives à la localisation au moyen d’une seule oreille, à l’influence exercée par le pavillon, ont donné à M. M. des résultats que seule sa théorie lui paraît pouvoir expliquer. Nous ne les rapporterons pas, ne voulant pas développer à l’excès ce compte rendu. Nous ferons simplement à tout ce qui précède ces objections : 1o il semble que, dans une question aussi difficile que celle de la localisation par l’ouïe, le nombre des expériences sur lesquelles s’appuie M. M. a été insuffisant ; 2o ces expériences ont dû être faites à des moments différents et les résultats obtenus tiennent peut-être quelquefois à des états particuliers de l’attention : à cet égard, M. M. paraît n’avoir pas pris de précautions ; 3o certains résultats sont surprenants : ainsi on voit des déplacements de i centimètre devenir perceptibles, ce qui est extraordinaire, étant donnée l’incertitude bien connue de notre localisation auditive ; 4o enfin l’objection fondamentale est que M. M. ne nous donne aucun renseignement sur cette qualité des ondes sonores qui, selon lui, produit les diverses réactions musculaires qui nous permettent de localiser les sons.

Fascicule 3. — Ce fascicule est consacré à une Neue Grundlegung der Psychophysik, c’est-à-dire que M. M. y essaye d’établir la psychophysique sur de nouvelles bases. La question fondamentale qu’on se pose, dit-il, est celle-ci : la mesure d’intensités et de différences d’intensités de la sensation est-elle en général possible ? M. M. cite les auteurs qui l’ont nié et conclut que, bien que Fechner et Wundt aient