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ANALYSES.münsterberg. Beitraege zur Psychologie.

que pour l’oreille gauche, on observe ceci, dit Urbantschitch : « L’oreille droite perçoit le tic tac de la montre très faible, mais distinct, que la branche qui appartient à l’autre oreille soit comprimée ou laissée ouverte. Mais la place où a lieu la perception auditive est remarquablement influencée par la compression du tuyau gauche. Le tic tac en effet n’est entendu dans l’oreille droite que s’il y a occlusion complète du tuyau gauche ; dès qu’on laisse ouvert ce tuyau, le tic tac paraît s’éloigner de l’oreille droite en se rapprochant du milieu de la tête. » « Ce que nous apprend l’expérience, dit M. M., est clair. L’excitation sonore du côté gauche est trop faible pour produire une sensation de son et peut cependant influencer la localisation subjective de la sensation de son qui vient de droite, de la même manière que s’il y avait aussi un son perceptible à gauche. Si la sensation de son elle-même avait son « signe local », alors devrait cesser avec elle son influence sur la perception spatiale du reste du contenu de conscience : mais, puisque cette influence persiste, il s’ensuit que l’excitation centripète, qui nous devient consciente comme son, et celle qui éveille en nous la représentation du rapport à un point déterminé de l’espace, non seulement ne sont pas identiques, mais, dans certaines limites, sont indépendantes l’une de l’autre. » (211.) Remarquons qu’on pourrait généraliser l’argument précédent en l’appliquant à nier toute sensation inconsciente et toute action de phénomènes inconscients sur la vie consciente ; comme cependant il est certain que, par exemple, nos souvenirs inconscients agissent sur nos perceptions actuelles en les rendant plus nettes, en les faussant même quelquefois, diraient certains, il s’ensuit que l’argumentation de M. M. n’a pas de valeur et qu’il reste possible que la localisation soit influencée par une perception inconsciente de son. Au reste, qu’est-ce qui prouve que, dans l’expérience, la perception cesse, quand le tuyau est laissé ouvert, d’être consciente pour l’oreille gauche ?

Des expériences suivent pour résoudre cette question : De combien de degrés doit se déplacer la direction d’un son pour que le déplacement de la source sonore soit juste perceptible ? La source sonore, dans ces expériences, se déplace sur trois circonférences de 1 mètre de rayon, ayant leur centre supposé dans la tête, au milieu d’une ligne censée joindre les deux tympans, et appartenant respectivement à trois plans perpendiculaires entre eux, l’un horizontal, les deux autres verticaux. M. M. a trouvé qu’horizontalement le minimum de déplacement perceptible va croissant à mesure que la source sonore passe de la position en avant de la tête à la position en arrière. Il conclut de semblables résultats à la finesse de localisation elle-même et essaye de justifier cette conclusion : ainsi, opposant les résultats qu’il a obtenus aux faits anciennement signalés et bien connus d’erreurs considérables portant sur la localisation par l’ouïe, il prétend que ses expériences à lui doivent être seules prises en considération, attendu que la question de la localisation absolue du son est aussi mal posée, quand il s’agit d’étudier la loca-