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fermeture rapide des yeux fait disparaître les fluctuations ; 3o la suppression, ne durant qu’un instant, de la vue de l’objet à percevoir a un effet contraire, accélère les fluctuations, plus prolongée les allonge avec 1 seconde d’intervalle, après 3 secondes de fixation les supprime ; 4o dans la vision indirecte, il y a allongement ; 5o avec déplacement lent du disque, les fluctuations disparaissent ; 6o le ralentissement et l’accélération de la respiration amènent le ralentissement et l’accélération des fluctuations. Selon M. M., l’explication de ces résultats doit, pour la vue, être cherchée, non dons la fatigue du cerveau ni dans celle du nerf optique, encore moins dans celle d’une aperception transcendante, mais dans celle de l’œil et spécialement des muscles de la fixation et de l’accommodation ; la preuve que les fluctuations n’ont pas une origine centrale lui paraît résulter principalement du fait de leur suppression par la fermeture des yeux, laquelle repose, selon lui, de l’accommodation et de la fixation, ensuite du fait de l’accélération des fluctuations quand le disque est rapidement recouvert ; en effet, alors l’impression visuelle, quoique devenue autre, continue de se faire et son changement sollicite un travail de fixation plus actif des muscles. M. M. fait une critique des recherches de Lange qui essaye d’attribuer les fluctuations de l’attention à une aperception centrale, et, sans nier que le cerveau ne puisse se fatiguer, il affirme l’origine périphérique, en dernière analyse, aussi bien des fluctuations qui se produisent dans le domaine de la perception auditive et même du souvenir que de celles qui se produisent dans celui de la perception visuelle (122).

Dans sa lutte contre les partisans d’une aperception centrale, M. M. exagère évidemment en sens opposé, et, comme eux, il tend à isoler, bien qu’en quelques passages il prenne soin d’affirmer leur liaison étroite, la périphérie et les centres.

Mesure visuelle. — M. M. aborde ses expériences avec l’idée que les seules sensations musculaires peuvent fournir des intensités mesurables ; il se trace en conséquence le plan suivant : « soumettre expérimentalement autant que possible l’estimation spatiale des grandeurs à des conditions qui agissent en les modifiant sur les mouvements de l’œil et voir s’il se produit des modifications de l’estimation correspondantes » (136). Il emploie la méthode des erreurs moyennes : il considère une grandeur normale et d’autres alternativement trop grandes ou trop petites, par conséquent » à raccourcir ou à allonger pour qu’elles deviennent ou paraissent devenir égales à la première. La quantité dont les grandeurs à faire égales à la grandeur normale diffèrent en moyenne de celle-ci est évidemment, dit M. M., l’erreur constante, puisque toutes les erreurs variables, qui sont produites par les changements qui surviennent dans la sensibilité pour les différences, doivent se compenser. Il étudie à la fois l’erreur constante et l’erreur variable ainsi définies. Les conditions auxquelles il soumet l’estimation des grandeurs sont, par exemple, les suivantes : 1o les deux yeux se