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ANALYSES.münsterberg. Beitraege zur Psychologie.

dont l’influence se fait sentir sur une foule de muscles, et qui, grâce à ses mouvements alternatifs d’inspiration et d’expiration, permet une division et une comparaison faciles des durées. M. M. indique encore un grand nombre d’autres facteurs de moindre importance qui, d’après son observation subjective, interviendraient pour compliquer notre estimation du temps, mais qui tous se ramèneraient finalement à une modification survenue dans la tension musculaire. En s’appuyant ensuite sur l’analyse précédente, il donne l’explication très ingénieuse des résultats contradictoires déjà signalés dans les diverses expériences jusqu’à présent faites sur le sens du temps ; ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, si Mach a trouvé la sensibilité de l’oreille pour le temps plus grande que celle des autres sens, c’est, dit-il, que, comme le montrent les marches jouées par les musiques, la danse, etc., les excitations se transmettent plus facilement par voie réflexe de l’ouïe que de l’œil, par exemple, aux muscles (49). Finalement, M. M. nous donne quelques résultats de ses propres expériences, parmi lesquels on peut noter celui-ci : deux séries d’expériences dans l’une desquelles on n’a pas pris garde aux phénomènes de la respiration, tandis que dans l’autre on s’est appliqué à faire correspondre le commencement des durées à apprécier aux mêmes phases de l’acte respiratoire, ont vérifié la théorie de l’action de la respiration sur l’estimation du temps en donnant comme erreur moyenne une première fois pour la première série 10,7 p. 100 et pour la seconde 2,9 p. 100 seulement, une seconde fois pour la première série 24 p. 100 et pour la seconde 5,3 p. 100 seulement.

La conclusion, quoique M. M. lui-même ne la formule pas clairement, qui semble en définitive se dégager pour le lecteur de l’étude d’ailleurs très intéressante qui vient d’être analysée, c’est que la durée est une propriété de la seule sensation musculaire, propriété qu’on a coutume de transporter indûment aux autres sensations. Or, cette conclusion, objecterons-nous, laisse inexpliqués : 1o la durée en elle-même, 2o le rapport entre la sensation musculaire et les autres sensations qui permet d’appliquer à celles-ci, indûment ou non, peu importe, la notion de durée.

Fluctuations de l’attention. — Cette étude est dirigée, en général, contre la théorie d’une activité centrale, d’une conscience ou aperception conçue comme sujet des fluctuations en question, et tend à prouver qu’elles ont toujours une origine sensorielle ou périphérique. Les chiffres trouvés pour une fluctuation mesurée par l’intervalle qui sépare deux disparitions d’une impression juste perceptible, les expériences étant faites avec des anneaux gris obtenus sur fond blanc par rotation d’un disque, sont plus élevés (6,9 sec.) que ceux (entre 3,1 et 3,4 sec.) que Lange a obtenus en considérant la durée qui sépare deux maxima d’intensités. Ajoutons que M. M. a soumis ses expériences à diverses influences modificatrices dont voici les résultats principaux : 1o des prismes tenus devant les yeux et enlevés, puis replacés alternativement, ont produit l’allongement de la durée des fluctuations (12,3 sec.) ; 2o la