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rière de l’univers ? La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c’est l’homme et quand et quand la plus orgueilleuse. Elle se sent et se voit logée icy parmi la bourbe et la fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et plus croupie partie de l’univers et va se plantant par imagination au-dessus du cercle de la lune et ramenant le ciel sous ses pieds. C’est par la vanité de cette mesme imagination qu’il se trye soi-même et sépare de la presse des autres créatures et taille les parts aux animaux, ses confrères et compagnons. »

L. M.

Hugo Münsterberg. Beitraege zur experimentellen Psychologie, J.-C. 13. Mohr, Freiburg i. B.

La Revue philosophique a annoncé précédemment la publication périodique par M. Münsterberg, docteur en philosophie et en médecine et privatdocent à l’université de Fribourg, de contributions à la psychologie expérimentale et rendu compte du premier fascicule de ces contributions. Deux nouveaux fascicules sont parus depuis dont voici l’analyse.

Fascicule 2. — M. Münsterberg étudie dans ce fascicule le sens du temps y les fluctuations de l’attention, la mesure visuelle, le sens auditif de l’espace.

Sens du temps. — Laissant de côté la question du temps métaphysique, l’auteur fait rapidement l’historique des recherches expérimentales qui ont eu pour objet l’étude de notre estimation du temps. Après quoi il annonce qu’en présence des résultats contradictoires auxquels on voit aboutir les divers expérimentateurs, il n’a pas voulu recommencer de nouvelles expériences avant de s’être fait une idée claire du sens de la question posée. « On a, dit-il, rassemblé et accumulé des nombres et personne ne s’est sérieusement demandé ce que ces nombres signifiaient (15). » Suit une théorie, fondée sur l’observation intérieure, du sens du temps. Cette théorie se résume en ceci : nos sensations relatives au temps ont toutes ceci de commun d’avoir pour fondement une sensation de tension musculaire. M. M. reconnaît que nous n’avons pas ordinairement conscience de mesurer le temps au moyen de sensations musculaires ; mais un phénomène semblable se produit, dit-il, pour l’espace, dont la représentation se forme également au moyen de sensations musculaires, lesquelles sont objectivées à cause des sensations soit tactiles, soit visuelles auxquelles elles s’associent. « La représentation du temps est exactement de même une synthèse de la perception des impressions extérieures qui limitent les parties du temps et des sensations croissantes et décroissantes en intensité de tension musculaire, sans que pour cela nous rapportions ordinairement celles-ci aux muscles (25). » Un facteur de la plus haute importance dans la production de notre sensation du temps, c’est la respiration,