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Ajoutons que, par leur précision, ces expériences d’optique nous montrent nettement comment une image supprime une autre image, et comment, lorsque les deux images sont à peu près de même intensité, l’image inhibée inhibe à son tour, ce qui produit une série d’oscillations.

La perception de la troisième dimension dans la vision monoculaire.

Nous avons trouvé par hasard, dans l’étude du relief, un curieux exemple d’inhibition, qui mérite d’être rapproché des exemples précédents.

La perception de la profondeur par l’œil soulève deux problèmes bien distincts : le premier de ces problèmes est exclusivement psychologique ; il consiste à rechercher si notre connaissance du relief par la vue est directe ou indirecte, en termes plus précis, si la vue nous donne la sensation de la profondeur, ou bien si la vue nous donne simplement des sensations qui sont des signes de la profondeur, qui en suggèrent l’idée par association. Il nous paraît qu’il y a des cas où certainement la connaissance par la vue de la profondeur est indirecte, inférée ; par exemple on sait que la connaissance de la grandeur réelle d’un objet nous permet de reconnaître sa distance, étant donnée sa grandeur apparente ; c’est un cas de perception indirecte. Mais on n’a pas encore démontré d’une manière complète que tous les cas sont de ce genre.

Nous laisserons complètement de côté ce premier problème, sur lequel nous nous sommes d’ailleurs expliqué antérieurement[1].

Le second problème est celui qui a été étudié par les psychologues et en même temps par les physiologistes ; il est tout différent ; il consiste dans l’étude des sensations de la vue et du sens musculaire qui produisent en nous la perception de la profondeur ; on ne se préoccupe plus de savoir si cette perception est directe ou indirecte, mais on cherche à savoir quelles sont les qualités, quels sont les caractères distinctifs des sensations qui servent à cette perception.

C’est à ce second point de vue que nous allons nous placer, et nous n’examinerons d’ailleurs qu’un tout petit point de cette grosse question. On a constaté depuis longtemps qu’il y a un grand nombre de causes déterminantes de la perception de profondeur ; ce sont par

  1. Rev. phil., fév. 1886.