Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée


L’INHIBITION

DANS LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE


Cet article ne contient pas une théorie toute faite sur l’inhibition ; je me suis simplement proposé de rapporter quelques exemples d’antagonisme entre des images et des sensations, et j*espère que l’étude de ces faits pourra jeter quelque lumière sur une question encore bien obscure, et pourtant bien importante pour la psychologie.

La négation.

Commençons par étudier ce qui se passe en nous pendant une négation. D’abord, peut-on se représenter une négation ? Une négation peut-elle, comme une affirmation, se résoudre en images ? Si quelqu’un me dit qu’il a vu tel fait, telle expérience, j’ai la représentation du fait et de l’expérience, c’est-à-dire que je me représente, en abrégé, les sensations que j’aurais reçues si j’avais été moi-même le témoin de ce qu’on me rapporte. Aurai-je également une image dans l’esprit, quand on m’affirmera qu’un fait est faux, ou qu’un objet n’existe pas ?

À première vue, il semble que non, et on peut dire qu’il est impossible de se représenter directement une négation, une absence, un néant ; c’est très juste ; mais il faut bien remarquer que la plupart de nos actes intellectuels ne sont que des substituts d’une perception sensorielle ; ils peuvent être confirmés ou démentis par une perception ; à chaque instant de la vie, nous sommes appelés à vérifier, à constater, à voir qu’une chose n’existe pas. Par exemple, en ce moment, je vois distinctement qu’il n’y a rien sur cette chaise placée à côté de moi. Ce que je perçois avec mes yeux, ce n’est pas ce rien dont je parle, car rien ne peut être la cause d’une sensation visuelle, mais j’aperçois nettement la totalité de la chaise, son siège et son dossier, et dire qu’il n’y a rien sur une chaise c’est dire qu’on peut