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a. espinas. — les origines de la technologie

de la médecine ; Poséidon est le dieu auquel tous les Grecs d’Asie se croient redevables de l’art de la navigation ; son culte rattache entre eux les rameaux disséminés de cette famille voyageuse, qu’ils s’appellent Cariens, Léléges ou Ioniens. Dans sa suite figure Protée qui peut dire, à qui réussit à le saisir, la direction et la longueur des routes de la mer. Poséidon a encore donné à l’homme le cheval, que dresse sur les conseils d’Athênê le jeune Erichtonios. Déméter transmet à Triptolème le blé avec l’art de le cultiver, Bacchus enseigne leur art aux vignerons. Mais chaque région, chaque cité a ses légendes particulières sur l’origine des arts où elle excelle. Tandis qu’à Cos, Apollon avait enseigné la médecine, en Lycie, il avait livré à ses prêtres les secrets de la divination. En Lydie, les Dactyles avaient appris de Cybèle à exploiter les filons métalliques de l’Ida, comme en Sicile les Cyclopes dans les entrailles de l’Etna, comme en Samothrace les Cabyres étaient les ouvriers et les disciples d’Héphestios. Sur les côtes colonisées par les Grecs à l’occident de leur pays, partout Héraclès, non content d’arracher aux torrents leurs cornes dévastatrices et de purifier les airs, trace les premières routes, montre aux navigateurs les bancs de pourpre, révèle les effets merveilleux des sources thermales[1]. La divinité s’humanise dans Hercule ; Minos, le civilisateur de la Crète, est déjà presque une figure historique ; Dédale, le maître des arts, personnifie clairement l’invention et l’adresse humaine ; c’est un Prométhée mortel. Pélops envoie ses descendants civiliser toute la Hellade : il fonde les jeux olympiques. Argos apporte de Lydie, dans le pays qui reçut son nom, la semence du blé. Danaos, abordant sur sa pentécontore à l’embouchure de l’Inachos, vient révéler aux Grecs l’art de la navigation. Agénor importe dans l’Argolide l’élève des chevaux ; le roi Prætos y bâtit des murailles avec l’aide des Cyclopes de Lycie, Palamède invente l’art nautique, les phares, les poids et mesures, l’écriture et le calcul. Le cycle béotien est un des plus riches. Cadmus, dont le nom signifie armure, invente l’emploi du métal dans les armures, trace le plan des villes, pratique le premier l’irrigation artificielle, découvre l’écriture ; il amène avec lui les Géphyréens, constructeurs de digues et d’écluses, les Telchines, batteurs de fer, Amphion et Zéthos, bâtisseurs de villes. Selon une tradition arcadienne, c’est Pélasgos qui fut le premier instituteur du genre humain. Tous ces héros sont les envoyés de Zeus ; ils ont quelque chose de divin. Ils tiennent des dieux une connaissance infaillible des besoins

  1. Telles sont d’ailleurs aussi ses attributions dans la Grèce propre, en Thessalie, en Béotie, en Argolide.