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société de psychologie physiologique

saveur, de pigments, des formes ; pour exprimer ces objets, notre être produira du travail. Au contraire, l’être vivant détruit du travail en produisant une élévation de température (échauffement du muscle qui soutient un poids dans sa chute) ; pour exprimer la température, notre être déterminera un arrêt de ses appendices. De là deux types d’expression et deux grandes catégories de sensations.

I. Sensations à type d’expression dynamogène. — Dans ce premier type il faut distinguer les sensations qui, pour être exprimées d’une manière conforme à la réalisation des objets, ont besoin d’une translation et celles qui ne l’exigent point. Or on voit facilement que le son, la lumière, l’électricité, la pression peuvent être produits sans translation ; c’est la variété des réactions sur place ; au contraire, une forme, pour être réalisée de fait, exige une translation sur le contour perspectif de l’objet, dès qu’elle affecte un caractère différent d’un point rayonnant ; car pour l’évaluer sans translation notre être circulaire serait astreint à des changements infiniment petits, successifs du rayon de son appendice dans un espace de plus en plus resserré, ce qui correspond pour son organisation à un empêchement infini. La sensation de forme rentre donc dans la variété des réactions de translation, au moins en général. Les saveurs, les odeurs, les couleurs pigments, en s’accumulant, déterminent des formes et en sont inséparables, quoique se produisant sur place et liées à des dégagements d’électricité ; elles constituent la variété des réactions mixtes.

La variété des réactions sur place comprend deux genres : un genre qui implique pour l’expression parfaite de l’excitation l’existence d’un milieu et qui comprend les sons, la pression, l’électricité statique ; un genre qui implique pour l’expression parfaite de l’excitation l’abfeerice de milieu et qui comprend la lumière et l’électricité dynamique, dont les vitesses de propagation sont retardées par tout milieu matériel (Maxwell).

L’expérience confirme remarquablement pour les sensations de lumière, de poids, de travail musculaire, de forme, de couleur pigment, cette classification et la diversité des unités naturelles qu’elle implique. Des odeurs et des saveurs nous ne connaissons qu’un facteur, la diffusion, et nous ignorons l’autre, celui que l’on rattache généralement à des dispositions moléculaires. Si l’on admet l’identité des réactions subjectives des sensations d’odeur et de saveur d’une part, de couleur pigment d’autre part (identité mise en lumière par des faits nombreux), il est possible d’en déduire une méthode pour la détermination des facteurs de l’odorance et de la sapidité. Étant donnée une succession plus ou moins agréable ou plus ou moins désagréable de deux odeurs ou de deux saveurs, connue seulement par des rapports de temps de diffusion, on conçoit qu’il soit possible de déterminer l’autre facteur par les écarts du calcul fait dans cette seule hypothèse d’avec l’intervalle rythmique ou d’avec l’intervalle non rythmique qui justifierait le