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A. Binet. La double conscience dans la santé. — Le but de cet article est d’établir que le dédoublement qui se produit chez les hystériques peut se produire aussi à l’état embryonnaire chez des sujets sains. Expériences faites sur cinq personnes. Elles consistent principalement en ceci : causer une distraction au sujet et produire ainsi en lui une anesthésie momentanée. Lorsqu’il est occupé à lire, faire une addition, etc., l’expérimentateur s’empare d’une de ses mains et lui imprime certains mouvements : par exemple, on lui met en main un crayon et on le fait exécuter quelques mouvements uniformes d’exécution facile : marquer de petits points ou dessiner des courbes. Après avoir communiqué ces mouvements pendant quelques minutes (le sujet étant toujours distrait), on abandonne très doucement la main à elle-même, le mouvement continue un peu. Chez une personne, après quatre séances, la répétition a été assez distincte, pour qu’il y ait eu 80 lignes tracées sans arrêt. L’auteur croit que c’est l’absence d’attention qui empêche le sujet d’arrêter les mouvements de sa main. Ce n’est pas une démonstration de la double conscience chez les sujets sains, comme chez les hystériques, mais cela établit l’existence d’un premier degré de ce phénomène.

Dewey. Sur quelques conceptions courantes du terme « moi ». — Article consacré principalement à critiquer les théories de M. Seth sur le moi transcendantal de Kant.

C. Ladd Franklin. Quelques réformes proposées dans la logique commune. — Dans ce travail écrit au point de vue de la nouvelle logique (Boole, Maccoll), l’auteur étudie les questions suivantes : la dénomination des propositions relatives ; la nature de la proposition particulière ; les huits copules ou modes possibles d’exprimer les propositions ; les lois de la pensée et la preuve des propositions relatives.

Maudsley. L’ècorce cérébrale et sa fonction. — La superposition des hémisphères du cerveau aux centres inférieurs prive ceux-ci de l’autonomie qu’ils possèdent chez les animaux inférieurs. Lorsque l’on examine les structures nerveuses chez les organismes les plus bas, tout se réduit au simple mécanisme du réllexe, guidé dans beaucoup de cas par l’attraction et la répulsion. Le parfait ajustement qui caractérise l’acte réflexe parfait est aussi la qualité fondamentale de la raison ou de l’intelligence : toutes les différences viennent de la complexité et de l’intervention de la conscience ; mais la raison est implicitement dans le processus avant d’être explicitement dans la connaissance, ce qui est physiquement un ajustement d’actes, est, mentalement, pensée. Le cerveau lui-même n’est que la continuation de l’agencement sensori-moteur de la moelle épinière, avec les modifications nécessaires. À cette question : Quel est le rapport fonctionnel des zones motrices de l’écorce avec cette classe de mouvements qui suivent leur excitation ? l’auteur répond qu’ils sont le siège de mouvements généraux ou abstraits, tout comme les centres sensoriels sont le sieste de sensations abstraites.