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ANALYSES.ivan georgov. Montaigne als Vertr. des Relativ.

Dr Johannes Barchudarian. Inwiefern ist Leibniz in der Psychologie ein Vorgænger Herbart, etc. (Leibniz précurseur de Herbart en psychologie). léna, Pohle, 1889.

M. B… recherche, dans cette brochure, en quoi Leibniz et Herbart s’accordent ensemble ou diffèrent l’un de l’autre, en métaphysique et en psychologie. Tous deux, en effet, ils ont déduit la psychologie de la métaphysique. Mais, pour Leibniz, la représentation reste un concept métaphysique, tandis que Herbart restreint l’emploi du mot à la psychologie, qu’il affranchit de ce coup. D’après Leibniz, l’âme tire ses représentations d’elle-même, sans qu’il soit besoin d’une excitation extérieure ; Herbart maintient, au contraire, la dépendance mutuelle de l’âme et du corps, tout en proclamant hautement que le grand mérite de son illustre précurseur est d’avoir affirmé la spontanéité de l’activité représentative.

L.-A.

Ivan Georgov. Montaigne als Vertreter des Relativismus in der Moral. Leipzig, Fock, 1889.

M. G… a voulu, dans cette thèse pour le doctorat, assigner à Montaigne, comme moraliste, une position particulière. Montaigne ne serait pas le pur empiriste, l’adversaire déclaré des rationalistes et des idéalistes qu’a dit Pascal ; il aurait professé, en morale, le relativisme. M. G… prouve bien, par la richesse des citations, qu’il connaît son auteur. Mais il me semble perdre beaucoup de temps à réfuter la doctrine de l’utilité, qui reste, en somme, un dogmatisme, une morale a priori. Le plaisir et la douleur ne sont pas des faits fondamentaux ; ils ne sont que des états de conscience, liés à la satisfaction ou à la non-satisfaction de nos appétits, de nos besoins. Si Montaigne a constaté, avec complaisance, combien les hommes sentent diversement les biens et les maux, il paraît pressentir au moins que la qualité morale de l’acte doit être cherchée dans l’harmonie des besoins ou des tendances. « Nature nous convie, écrit-il, aux actions qu’elle nous a enjointes, non seulement par la raison, mais aussi par l’appétit. »

On simplifierait grandement, je crois, les discussions sur la morale, en distinguant toujours la morale théorique de la morale appliquée. Montaigne n’est pas du tout un idéaliste, un dogmatique, en tant qu’il cherche dans l’appétit le fondement psychologique de la morale ; mais il est, en pratique, un relativiste, parce qu’il est très frappé des variations de la coutume. Lorsqu’il nous parle d’une « justice en soy, naturelle et universelle », c’est sans doute qu’il considère certaines acquisitions définitives, assurées dans nos consciences, et, en tous cas, il faut faire la part ici des habitudes de penser du xvie siècle. Montaigne est un littérateur moraliste, il n’est pas un philosophe à la manière moderne.

Lucien Arréat.