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ramener les lois des faits sociaux aux lois psychologiques de l’imitation, un pur économiste comme M. Coste ne se détourne pas de rechercher si la succession des inventions sociales n’offre pas une certaine régularité, et il ne paraît pas concevable qu’on puisse faire autrement une sociologie.

Lucien Arréat.

Éduard Kulke. — Die beiden grundprobleme des Schönen, etc. (Les deux problèmes du beau, etc.)

M. Kulke a choisi la question du beau pour sujet d’une lecture donnée récemment à la Société de philosophie de l’Université de Vienne. II l’a voulu seulement poser sans tenter de la résoudre. Selon lui, dans toute l’histoire de l’esthétique, il n’y a que deux positions vraiment originales, celle de Platon et celle de Kant. Platon a considéré le beau en soi ; Kant, l’effet du beau en nous. Le problème de Platon vise la connaissance objective du beau ; celui de Kant, la valeur de notre jugement esthétique subjectif. Or, le problème de Kant n’a plus raison d’être posé, à moins que celui de Platon ne soit insoluble. Si je reconnais le beau objectif, mon jugement particulier est un jugement sur le beau lui-même. La tâche de l’esthéticien serait donc de rechercher si l’un ou l’autre des problèmes proposés est véritableblement insoluble, afin de nous attacher ensuite à la solution de l’autre.

Peut-être, à ce qu’il nous semble, est-ce moins là deux questions, que deux méthodes différentes et incomplètes pour traiter un même problème.

Lucien Arréat.

W. Paszkowski. — Adam Smith als moral Philosoph. Halle, Kæmmerer, 1890.

Thèse pour le doctorat, écrite avec clarté, et dont le sujet est intéressant. Les critiques ont repoussé jusqu’ici la conception où Smith a cherché le principe de l’obligation, celle du « spectateur impartial », que chacun de nous serait en présence de ses propres actes. M. P. tente de la justifier. Adam Smith, d’après lui, aurait entendu, sous une expression malheureusement impropre et mal choisie, le même principe que formulait Kant en exigeant que la raison de nos actes puisse être érigée en maxime universelle. Il montre, en outre, qu’il n’y a pas désaccord entre la Théorie des sentiments moraux et la Richesse des nations. Enfin, il nous fait voir Adam Smith religieux, déiste à la façon des hommes de son temps, mais avec une plus grande chaleur de cœur.

Lucien Arréat.