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ANALYSES.b. conta. Principes composant le monde.

ment, la nécessité, l’espace et le temps. « Ces six principes sont des qualités irréductibles et universelles du monde extérieur tout entier, parce qu’il n’y a aucune parcelle de ce monde qui ne contienne à la fois de l’espace, du temps, du vide, de la matière et du mouvement exécuté conformément à des lois nécessaires. » Tout en étant intellectuellement séparables, ils sont physiquement inséparables.

Après l’étude des principes vient l’étude des lois. Deux lois très générales dominent tout le système de Conta ; ce sont la loi de l’assimilation et la loi de l’ondulation. La loi de l’assimilation, la seule qui soit étudiée dans le fragment d’ouvrage de Conta, consiste en ce que tout corps tend à assimiler les autres corps en leur communiquant son propre mouvement extérieur et intérieur.

L’ouvrage est trop incomplet pour qu’il y ait profit à discuter le système ; on le lit pourtant avec intérêt. Signalons un bon passage sur les lois naturelles en général, aux pages 67, 71, 80.

Fr. Paulhan.

Basile Conta. Origine des espèces, 1 vol.  in-16, 193 p.. Jassy, typo-lithographie H. Goldner, 1888.

M. Conta a exposé dans ce petit livre clair et intéressant une théorie personnelle de l’origine des espèces. L’auteur est transformiste sans être darwiniste, et la façon dont il entend le transformisme est assez originale. Disons tout de suite que l’ouvrage a un défaut qui l’empêchera sans doute d’avoir une grande influence sur les naturalistes ; on n’y trouve guère que de la théorie pure, en une matière où les faits sont si nécessaires, dans un domaine trop étendu, trop mal connu, trop complexe pour que toutes les conditions des phénomènes puissent être résumées dans quelques propositions que l’on développe ensuite, dans quelques prémisses dont on lire la conclusion. Tel qu’il est, cependant, il a une valeur réelle et le philosophe peut en tirer profit.

L’ouvrage débute par une introduction où l’auteur indique les arguments en faveur du transformisme qu’il croit valables. Vient ensuite la section I dans laquelle l’auteur examine et critique le système du transformisme de Darwin ; dans la section II il examine diverses objections contre le transformisme en général.

Les arguments des transformistes acceptés par M. Conta sont au nombre de six, que voici : Dans le monde organique la nature ne procède que par transitions. L’induction nous amène donc à penser qu’un être organique supérieur n’a pu être formé de toutes pièces dans un seul moment ; le second argument est celui qu’on tire des données de la paléontologie ; le troisième est celui qu’on tire des données de l’embryologie ; le quatrième celui qui repose sur l’existence des organes rudimentaires ou atrophiés ; le cinquième se fonde sur ce que si les individus de la même espèce organique sont placés dans des milieux