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p. regnaud. — des fonctions casuelles

Si l’on veut donc bien considérer ce point comme démontré à la suite des autres, il me sera permis de poser les conclusions suivantes qui résument la discussion :

1o Les substantifs régimes d’autres substantifs sont toujours d’anciens adjectifs.

2o Dans la construction non-composée, ces adjectifs, quand ils ont changé de fonction, sont devenus les cas régimes de la déclinaison.

3o Dans la construction composée ils ont subi une transformation analogue et de premiers termes adjectifs des composés déterminatifs, ils ont passé au rôle de substantifs régimes des composés de dépendance.

4o Tous les cas régimes au singulier des mots appartenant à la déclinaison imparisyllabique sont les variantes d’une seule et même forme primitive.

VI

Nous avons à examiner maintenant la manière dont s’est effectuée l’attribution aux formes des cas-régimes de la valeur casuelle dont chacun d’eux est revêtu. Il est évident qu’il s’agit de faits antéhistoriques et sur lesquels nous en sommes réduits aux conjectures ; mais celle que je vais indiquer s’impose en quelque sorte à la conviction, et pour ma part je n’hésite pas à la considérer comme à peu près sûre. La valeur spéciale de chaque cas n’a pu prendre naissance que dans telle combinaison fréquente de substantif et d’adjectif passée à l’état de formule et sur laquelle se sont modelées, au point de vue de l’aspect phonétique de la finale de l’adjectif, toutes les combinaisons analogues, c’est-à-dire toutes celles où la nuance du rapport existant entre les deux termes de l’expression était la même.

Soit donné par exemple l’ancien adjectif divas devenu divi sous l’influence de l’initiale du mot ksit dans l’expression divi ksit « habitant céleste », l’idée rendue par le mot ksit impliquait la nuance du locatif dans le qualificatif « céleste » appelé à le déterminer. L’adjectif « céleste » est donc devenu ainsi d’une manière nécessaire, fatale en quelque sorte, sous la forme divi un adjectif locatif, ou marquant le lieu qui détermine l’habitant en question, c’est-à-dire spécifiant de quel habitant il s’agit, au moyen de l’indication de l’habitation qui lui est propre. Mais un adjectif locatif ainsi constitué n’est pas autre chose qu’un attribut ou un régime au locatif ; l’identité entre ces deux formes d’expression logique est même telle qu’il y a plutôt de l’une à l’autre substitution d’appellation que sub-