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SUR L’ORIGINE ET LA VALEUR

DES FONCTIONS CASUELLES

DANS LA DÉCLINAISON INDO-EUROPÉENNE


Les conditions de la pensée sont en rapport si étroit avec ses manifestations par le langage que tout ce qui intéresse la linguistique intéresse en même temps la psychologie. Mais parmi les problèmes qui concernent le développement de la faculté de parler, celui de la valeur primitive de l’idée de cas dans les langues dites à flexions est tout particulièrement propre à soulever des questions dans lesquelles le jeu des fonctions intellectuelles est directement en cause. On sait en effet que les langues dont nous venons de parler ont reçu aussi le nom de langues synthétiques, et qu’on oppose à la construction qui leur est propre celle des langues dites analytiques où l’emploi des cas est remplacé en général par des prépositions accompagnées de compléments. Or, les expressions dont on se sert h cet égard correspondent-elles à la véritable nature des choses ? Y a-t-il réellement synthèse, ou réunion des différentes idées sous une même forme de langage, quand on se sert en latin du mot urbi pour faire entendre la pensée qui correspond à l’expression française « à la ville » ? Et si l’on admet l’affirmative, cette simplicité du signe eu égard à la complexité de la chose signifiée est-elle primitive ? Ou bien, pour présenter la chose d’une manière plus précise, la catégorie de lieu, et les autres catégories analogues représentées par les cas, étaient-elles à l’origine liées dans l’esprit d’une manière si nécessaire à l’idée des objets qu’elles concernent qu’on ait dû créer autant de formes du même mot qu’il y a de ces catégories, de manière à traduire par l’expression vocale l’état intellectuel correspondant ?

De pareilles questions sont d’ordre essentiellement empirique ; aucune théorie ne semble de nature à permettre de les résoudre par des considérations à priori, et comme les faits expérimentaux qui