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quement la même chose. La volonté est concrète, réelle ; l’atome matériel est un simple concept formé par l’entendement. Seulement c’est un concept essentiellement objectif, c’est-à-dire que s’il n’atteint pas la réalité dans son essence, il correspond à une réalité extérieure. L’atome matériel exprime dans le langage de l’entendement cette réalité, il n’est donc pas la même chose qu’elle. On conçoit donc fort bien que l’atome de la science et l’atome de la psychologie, tout en correspondant exactement l’un à l’autre, puissent différer pour nous, et recevoir deux définitions qui ne se confondent pas.

M. Wundt se montre peut-être moins net sur la question de savoir si la cosmologie peut rendre à la psychologie un service analogue à celui qu’elle en reçoit ; la cosmologie peut-elle nous donner une idée de ce que sont les relations extérieures des unités actives ? M. Wundt considère l’espace comme un concept objectif. Si donc le concept d’atome matériel répond à une réalité étrangère au sujet, le concept d’espace doit exprimer lui aussi, dans le langage de l’entendement, des relations réelles entre les atomes psychiques. Maison ne peut démontrer ainsi que ces relations soient spatiales, que les âmes par exemple soient plus ou moins éloignées les unes des autres, s’attirent ou se repoussent. Toutefois nous ferons remarquer qu’entre des relations extérieures et d’autres relations extérieures il ne peut y avoir une différence aussi profonde que celle qui existe entre la forme extérieure de l’atome et son essence intérieure. L’espace mécanique pourrait être ainsi un symbole et comme un reflet de l’ordre réel des choses. Ainsi les volontés sont en dehors les unes des autres comme les atomes, de même que les atomes elles agissent les unes sur les autres avec plus ou moins d’intensité, comme de plus ou de moins loin, de même que les atomes enfin elles se groupent et s’organisent. S’il n’y a pas d’espace réel il y a au moins un ordre de réalités que l’espace peut nous aider à concevoir.

Si la métaphysique ontologique s’arrête à cette conception générale de l’univers à la fois psychique et cosmique, de l’univers considéré dans sa totalité, elle se verra obligée d’apporter une modification importante à l’idée que la psychologie se faisait du sujet individuel. Le dernier terme de la spéculation psychologique était l’idée de la volonté individuelle considérée comme unité irréductible. Mais, si nous nous plaçons au point de vue d’où la cosmologie considère les choses, si nous regardons l’individu du dehors, il nous apparaîtra comme un composé dont la complexité va presque jusqu’à l’infini. L’élément un et simple de l’individu, c’est alors la cellule, bien plus, c’est l’atome. Or l’ontologie exige que les unités dernières de la psychologie correspondent exactement à celles de la cosmologie. Si l’in-