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logie sont des rapports exactement mesurables, mais ces rapports ne nous laissent rien entrevoir de l’essence intime des éléments considérés. La psychologie, au contraire, prétend saisir la qualité propre, c’est-à-dire l’essence des réalités auxquelles elle ramène les phénomènes qu’elle étudie ; en revanche elle ne peut résoudre, par elle-même, aucun problème d’ordre quantitatif. Si elle nous parle d’infiniment grand ou d’infiniment petit, les mots grand, petit, perdent le sens mathématique qu’ils ont en cosmologie. Quand elle aborde la question des rapports que soutiennent les uns à l’égard des autres les atomes psychiques, ce n’est plus de rapports mesurables, c’est-à-dire d’espaces parcourus par des points mobiles qu’elle entend nous parler. Elle sait que les âmes réagissent les unes sur les autres, mais si elle peut dire ce que ne sont pas ces actions et réactions, elle ne peut déterminer ce qu’elles sont, parce que tout ce qui est extérieur et quantitatif lui est étranger. Nous nous demanderons plus tard si ces deux sciences, dont l’une voit le dehors des choses, tandis que l’autre en voit le dedans, ne pourraient pas se compléter l’une l’autre.

1o L’âme individuelle.

La métaphysique peut hésiter entre deux hypothèses sur la nature de l’âme individuelle : l’âme individuelle peut être en effet conçue soit comme unité de substance, soit comme unité d’action. La première de ces deux conceptions est généralement adoptée par les philosophes qui ne voient dans la conscience que représentations et idées, et qui prennent pour point de départ de leurs déductions le côté intellectuel de la conscience ; la seconde est préférée par ceux qui savent voir la différence de nature qui sépare le sentiment et la volonté de la représentation et qui comprennent le caractère original et primitif du vouloir.

M. Wundt pense que la philosophie ne peut plus conserver aujourd’hui l’hypothèse de l’âme substance. Si elle ne consent pas en effet à se contenter d’un concept absolument indéterminé, d’une sorte d’x dont elle ne pourrait faire aucun usage pour l’explication des faits, si elle veut déterminer avec précision le concept de la substance psychique, elle est bien vite obligée de reculer devant l’impossibilité de donner à ce concept des caractères qui s’accordent entre eux et avec l’expérience. Or le but de toute déduction métaphysique est d’expliquer sans contradiction les faits donnés par l’expérience.

Une substance immatérielle ne peut être conçue logiquement que