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CONTRIBUTIONS PSYCHO-PHYSIQUES À L’ÉTUDE ESTHÉTIQUE


La psychologie s’est renouvelée complètement depuis une cinquantaine d’années, grâce à l’application de méthodes scientifiques et sous l’influence croissante des progrès de la physiologie. On doit à Fechner la conception d’une science nouvelle, peu connue encore et peu appréciée en France. Nous croyons que les publications de Fechner marquent, dans l’histoire de la psychologie, l’origine d’une ère nouvelle ; malheureusement les préjugés résultant de l’enseignement cartésien, les idées étroites des spiritualistes, ont beaucoup gêné les progrès de la psycho-physique : nous devons reconnaître que les scolastiques se sont montrés bien mieux disposés pour les novateurs que les gens qui jurent par Descartes ; ceux-ci détestent toute science[1] parce que leur grand homme a été le plus piteux physicien qui ait paru dans les temps modernes.

Nous pensons que la psycho-physique peut rendre de grands services dans les études esthétiques ; non pas tant, il est vrai, en donnant des formules positives, qu’en permettant de démolir les systèmes mal conçus. Elle peut servir surtout à bien poser les problèmes et à établir les distinctions entre les diverses sciences que l’on réunit improprement sous la rubrique d’esthétique.

I

Il nous semble nécessaire de rappeler quelques-uns des résultats obtenus par la psycho-physique et de bien poser les principes de

  1. Nous n’exagérons rien ; nous nous sommes assuré qu’en ce moment on enseigne, dans beaucoup de lycées, que la « physiologie fait tous les jours des découvertes, la psychologie n’en fait jamais ». Nous avons lu, il n’y a pas bien longtemps, un article dans lequel un membre de l’Académie des sciences morales et politiques se vantait de ne pas savoir ce que pouvait bien être la Sociologie.