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Lorsque la pression totale d’eau est très faible, on est capable de distinguer des différences de pressions plus faibles qu’un centimètre d’eau. Mais, en général, si la pression varie de moins d’un centimètre d’eau, on se trompe à peu près aussi souvent qu’on dit juste.

Naturellement, il y a des différences individuelles notables, et l’éducation et l’habitude finissent par augmenter la finesse de ce sens musculaire spécial. Mais on peut apprécier, en moyenne, un centimètre d’eau de pression.

Pour ne jamais commettre d’erreur et pour être absolument sûr de ne pas se tromper, il faut que la pression varie de 3 centimètres d’eau au moins. Alors nulle erreur possible.

Ce chiffre est encore très faible, en valeur absolue ; car une pression de 3 millimètres de mercure ne présente pas une force bien considérable.

À la vérité, si faible que soit ce chiffre d’un millimètre de mercure, il est encore assez fort, relativement à la force totale de l’effort expiratoire. En effet, si l’on essaye d’expirer à travers une colonne de mercure dont la hauteur va en croissant, on arrive bien vite à une limite qu’on ne peut franchir. Des chiffres absolus ne peuvent être donnés par suite des écarts individuels considérables. Mais en général, quand on arrive à 8 centimètres de mercure, il faut un effort énergique pour franchir cette pression. À 40 centimètres de mercure, quelques personnes ne peuvent plus surmonter la résistance de la colonne liquide, et enfin il y a très peu de personnes qui puissent dépasser une hauteur de 12 centimètres.

Si donc nous admettons le chiffre de 10 centimètres de mercure comme représentant le maximum de l’effort musculaire expiratoire, on voit que la sensibilité, s’exerçant sur un millimètre, porte sur un centième de l’effort total.

Or ce chiffre d’un centième est assez peu considérable, si l’on compare l’effort des muscles de l’expiration aux autres muscles de la vie animale.

Par exemple, nous pouvons soulever avec nos bras un poids de 25 kilogrammes, et même beaucoup plus ; et cependant nous sommes en état de distinguer très nettement un poids de 50 grammes d’un poids de 100 grammes. Avec de l’exercice, on arrive sans peine à distinguer une augmentation ou une diminution de poids de 10 grammes. Or le rapport de 10 à 25 000 est bien différent du rapport de 1 à 100, comme dans le cas de la sensibilité du sens musculaire de l’expiration comparée à la force absolue des muscles expiratoires.

Nous proposerions d’appeler ce rapport le coefficient de sensibilité, qui exprimerait la relation qui unit la sensibilité musculaire avec la force musculaire absolue. On voit que ce coefficient est de 100 pour l’expiration et de 2500 pour les muscles du tronc et du bras.

Nous nous proposons de poursuivre ces recherches avec des appareils plus perfectionnés, et d’étudier la sensibilité de l’inspiration que