Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/567

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
557
société de psychologie physiologique

importantes, mais présentant un seul point commun, la localisation de ce centre sensoriel.

Ch. Richet.

DE LA SENSIBILITÉ MUSCULAIRE DE LA RESPIRATION

On a étudié avec beaucoup de soin diverses sensibilités musculaires. Mais on n’a pas, pensons-nous, examiné quelle est la délicatesse du sens musculaire pour les efforts expiratoires.

On sait qu’à l’état normal la respiration se fait par un effort inspiratoire. Quand l’inspiration est terminée, grâce à l’élasticité pulmonaire, le poumon revient sur lui-même naturellement, et le thorax reprend sa position primitive de repos, intermédiaire entre une expiration et une inspiration. Il n’y a d’effort que dans l’inspiration. L’expiration est un phénomène exclusivement mécanique, et, dans la respiration calme, normale, aucun effort musculaire ou volontaire n’intervient pour la produire.

C’est ainsi que les choses se passent, s’il n’y a aucune pression à vaincre, soit à l’expiration, soit à l’inspiration (ce qui est l’état normal) : mais, si, dans un but expérimental, l’on place un obstacle au courant d’air inspiré ou au courant d’air expiré, en mettant, par exemple, une soupape de Millier contenant une certaine colonne de mercure dans l’une et l’autre branche de la soupape, alors l’expiration ne peut plus être passive : et il faut un effort musculaire actif pour chasser l’air contenu dans les poumons. En effet l’élasticité pulmonaire, qui suffit absolument à l’expulsion de l’air, s’il n’y a pas d’obstacle à franchir, est tout à fait insuffisante à vaincre la hauteur d’une colonne de mercure très minime, fût-elle même de 1 millimètre.

À l’état normal de liberté des voies aériennes, l’expiration est donc passive ; mais l’inspiration, qui amène une dilatation forcée de la cage thoracique, n’est jamais passive. Elle est active. Il est vrai que cette activité n’est pas volontaire, mais automatique : c’est-à-dire que nous respirons sans y penser et sans vouloir respirer. Le bulbe qui commande les mouvements respiratoires intervient en dehors de la volonté et de l’attention. Par conséquent, quand on respire à l’air libre, nul effort volontaire n’est nécessaire. Mais quand il y a une pression à vaincre pour l’expiration ou pour l’inspiration, il faut un effort de volonté. Nous avons cherché avec quelle précision la conscience peut apprécier cet effort.

Or nous avons constaté que pour percevoir des différences de pression très faibles, bien plus faibles que nous ne l’avions supposé a priori, il suffit d’augmenter ou de diminuer d’un centimètre d’eau, c’est-à-dire d’un millimètre de mercure, la colonne liquide de l’expiration. Alors on s’aperçoit aussitôt du changement qui s’est produit ; et on ne se trompe pas, pour peu que l’on fasse attention, et qu’on ne soit ni troublé ni distrait.