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conception dualiste. Cette conception est la condition essentielle de la représentation religieuse, et le développement de cette dernière est caractérisé par un continuel développement du dualisme. Cela se voit aussi dans le développement des idées sur la vie future et les migrations des morts, dans le passage de la conception physique à la conception éthique de la vie future.

L’histoire de l’animisme, conclut M. Masci, a deux périodes, celle d’extension et celle de limitation. Dans cette évolution et dans l’accroissement du dualisme consiste la plus grande partie du développement psychique des religions. Etant donné que le progrès de la culture produit une limitation de plus en plus étroite de l’animation universelle, que l’animisme est commun à l’adorateur du fétiche et au chrétien civilisé, il est évident que le sort des religions est essentiellement lié à celui du spiritualisme.

Bernard Perez.

F. Masci. Psicologia del comico. 80 p. in-8o, Naples, 1889.

Dans cette intéressante étude, l’auteur, s’attachant exclusivement à l’analyse du phénomène psychologique, passe en revue, critique et complète les théories de ses devanciers, et, entre autres, d’Hecker, de Kraepelin et de Lipps. Il formule sa propre théorie du comique, dont voici les points essentiels.

Le comique est le produit d’un facteur éminemment complexe. Le contraste qui l’engendre est de nature intellectuelle, il est ponctuel et coextensif avec l’identité. Il se produit dans l’acte même où l’unification est près de s’accomplir, et se répète avec alternative rapide d’attractions et de répulsions idéales, de suggestions d’identité et de subites irruptions de contrastes. Pour que cela arrive, la synthèse comique doit s’accomplir dans une image ou forme plastique, qui peut être ou une intuition sensible, ou une situation morale, ou une situation mentale, créées par l’imagination intellectuelle, ou qui, trouvées, sont, par une excitation et un jeu naturel, portées au rang de formes esthétiques. De plus, le contraste doit être descendant ; il doit avoir ce type, que la réalité apparaisse comme inférieure à son idée, quelle que soit du reste cette idée. Le contraste n’est pas tant relatif à ce que la chose ou le fait devrait être, qu’à ce qu’elle voudrait être, et cherche et ne réussit pas à être. Il est comique, si l’élément négatif n’est pas la pure négation intellectuelle, mais celle-ci dissimulée en forme positive de l’imagination, pourvu que la forme soit transparente, et que le négatif, tandis qu’il est typique du point de vue de la fantaisie intellectuelle, soit une quantité inappréciable du point de vue de la sensibilité physique et morale.

Dans toute forme de comique, il y a au moins deux représentations, l’une réelle, l’autre suggérée, contemporaines et opposées, fondues