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Ces deux caractères s’appuient l’un à l’autre. Par suite, la présence de l’un entraîne la présence de l’autre. Par suite encore, toute relation qui m’apparaîtra comme nécessaire, par là même s’imposera comme objective, comme réelle. Porté par elle, je franchirai le phénomène, je bondirai hors de la conscience jusqu’à l’être, jusqu’au noumène. Et ainsi s’évanouira tout fantôme d’idéalisme.

Mais ces relations, où sont-elles ? Elles ne sont pas dans les sensations, elles ne sont pas dans les idées, celles-ci comme celles-là soumises à la nature de l’objet perçu et du sujet qui perçoit. Elles sont d’abord dans la causalité ; elles sont aussi dans les nombres, dans les formes géométriques, les unes et les autres toujours identiques à elles-mêmes à travers toutes les variations des termes qu’elles relient, par conséquent indépendantes des apparences, supérieures à elles. C’en est assez pour conclure que dans le monde des noumènes il y a du nombre, de la géométrie, de la causalité.

Cette théorie audacieuse et malheureusement inachevée, la même que M. Bertrand appelle notre avant-dernier système de métaphysique, pourrait donner lieu à bien des observations. Disons simplement que la manière dont Ampère passe de la relation interne de l’effort aux relations externes, c’est-à-dire de la conscience à la raison, rappelle la façon dont Descartes passe du Cogito à l’évidence, d’un sentiment particulier de certitude au fondement de toute certitude. Disons aussi que, comme Spinoza, comme Leibniz, et à la différence de Stuart Mill et de Spencer, Ampère demande, non pas à la sensation ni davantage à ses dérivés, images ou associations d’images, mais à l’entendement, la preuve du monde extérieur. Loin donc de nous détacher des êtres, de nous murer dans notre subjective nature, la raison nous affranchit, elle nous pousse hors de nous, elle nous plonge au sein des choses. « La science, dit à ce propos M. Bertrand, est la perpétuelle négation de l’idéalisme. »

L. Gérard-Varet.

Docteur Fauvelle. La physico-chimie. Son rôle dans les phénomènes naturels. C. Reinwald, éditeur.

I. — Dans la première partie ou introduction, le Dr Fauvelle fait l’histoire du développement de la science jusqu’en 1789 et nous énumère les moyens d’investigation dont elle dispose aujourd’hui. — Je tiens à dire tout de suite que le tout lui demande 62 pages ; c’est donc rapidement expédié.

II. — Dans la seconde partie, la plus importante des deux, il s’occupe de la nature et du rôle des phénomènes physico-chimiques dans l’univers ; or, tous les phénomènes relevant d’après lui de la phy-