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des êtres absolus, inconnaissables, le fondement du monde subjectif, qui est le monde de l’immédiatement donné et, en ce sens, le monde le plus réel que nous puissons concevoir. Enfin M. Wundt pense que l’unité des deux mondes physique et psychologique peut être rétablie au moyen d’hypothèses dont les premiers éléments au moins seront fournis par l’expérience immédiate. Nous savons en effet que cette unité nous est donnée primitivement dans l’intuition immédiate ; pourquoi donc irions-nous chercher le principe de cette unité en dehors d’elle-même ?

M. Wundt aura, ce semble, facilement gain de cause dans cette lutte contre les concepts de substance et d’être en soi. La métaphysique française s’est débarrassée depuis longtemps déjà de conceptions qui sont le côté le moins acceptable du réalisme des Cartésiens et de Kant. Elle a compris qu’il ne pouvait être question de chercher le réel en dehors du monde des représentations et des intuitions : elle est revenue par la critique à l’opinion du bon sens naïf, à la conviction que le réel c’est, en somme, la représentation. Car le bon sens a toujours raison dans ses croyances primitives, qu’elles soient métaphysiques ou morales, et la philosophie doit toujours se proposer, non pas de les détruire, mais de les interpréter, de les compléter et de les préciser.

Nous réservons pour une prochaine étude l’exposition des idées transcendantes qui forment la métaphysique proprement dite de M. Wundt.

Henri Lachelier.