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h. lachelier. — la métaphysique de m. wundt

Dans ce tout, nous pouvons distinguer l’hexagone et le cercle, remarquer que les côtés de l’hexagone se modifient quand le diamètre du cercle se modifie et apercevoir dans l’une de ces modifications la condition de l’autre. C’est par le même procédé que nous cherchons dans la longueur du pendule qui oscille la raison de la rapidité des oscillations. La perception sensible nous donne, comme on le voit, de simples relations dans le temps et l’espace, de simples variations concomitantes ou successives ; la pensée seule, en vertu des lois qui lui sont propres, peut concevoir une de ces variations comme la raison de l’autre et transformer ainsi le simple fait que l’animal voit comme nous, en une loi.

Los relations ou lois particulières ainsi formées par l’esprit ne peuvent rester isolées les unes des autres. Le même besoin, qui pousse la pensée à relier les phénomènes les uns aux autres par des rapports de condition à conséquence, la détermine à établir de pareilles relations entre les lois particulières. Les lois dont l’ensemble compose la science non seulement ne doivent pas se contredire, mais encore doivent jouer le rôle de conditions et de conséquences les unes à regard des autres. C’est ainsi que nous arrivons petit à petit à englober tous les faits, toutes les lois particulières, dans des systèmes, ou même mieux, dans un système clos et cohérent. Cette cohérence parfaite est établie au moyen d’hypothèses qui comblent les lacunes des faits et les ramènent à une unité qui ne saurait être donnée par la seule expérience. Ainsi tous les théorèmes de la géométrie se tiennent en ce sens qu’ils se ramènent tous en dernière analyse aux mêmes définitions et aux mêmes axiomes fondamentaux. Toutes les lois de la physique se tiennent en ce sens que toutes expriment des changements de même nature d’une substance unique. Enfin toutes les lois de la psychologie formeront un système le jour où elles pourront toutes être rattachées à un même principe : association ou volonté.

C’est ainsi que le principe de Raison devient le principe de l’universelle liaison des phénomènes et de leurs lois (Princip der allgemeinen Vereinigung unserer Denkobjecte. — Princip der Verhindung aller Theile des gesammten Erkenntnissinhalles.)

II. — Le Sujet et l’Objet.

Telles sont les lois essentielles de la pensée. Quel est maintenant l’objet, la matière qui s’oppose à cette pensée, et que la pensée doit élaborer ? Cette matière c’est l’ensemble des données immédiates de