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psychiques ; 5o étudier les rapports entre le conscient et l’inconscient ; 6o être autant que possible indifférent, et ne pas regarder ailleurs qu’au but de ses recherches ; 7o se dépouiller de ses préjugés, de ses illusions personnelles, etc. ; 8o en examinant un fait psychique, en éliminer peu à peu les faits qui l’altèrent et qui sont des faits des lois d’association ; 9° contrôler les résultats de notre observation avec ceux des observations d’autrui, tenant compte de l’état actuel de la psychologie et des diverses méthodes de recherche psychologique.

A. Nagy. Le Nyâyci et la logique d’Aristote. — Il y a une analogie étonnante entre les deux. La priorité du Nyâya paraît indiscutable. On y trouve cet argument : Cette colline brûle ; — Parce qu’elle fume ; — Ce qui fume brûle ; — Or la colline fume ; — Donc elle brûle. On trouve ici le type du raisonnement aristotélique, si l’on prend les trois derniers membres, ou les trois premiers, en sens inverse. Ce redoublement des termes, cette exubérance orientale dans la forme du discours, Aristote a pu les réduire à la précision nécessaire et suffisante. Mais a-t-il connu le Nyâya ? On sait qu’Alexandre aidait par tous les moyens aux études de son ancien maître ; et l’on dit que Callisthène lui aurait envoyé un système de logique indien, vraisemblablement celui-là, dit M. Nagy. Mais si un Indien a trouvé le syllogisme, un Grec n’a-t-il pas pu le découvrir aussi ?

R. Benzoni. Récentes publications sur le problème de la connaissance. — Tous les philosophes de nos jours, ou peu s’en faut, se font une même idée du problème de la connaissance : 4o ils étudient le rapport entre sujet et objet, connaissant et connu ; 2o ils déterminent la valeur cognoscitive de la pensée et le rapport entre être et penser. Ces deux aspects ou moments du problème sont tellement connexes, qu’on ne peut étudier le second sans avoir examiné le premier. La diversité des solutions posées par tout le monde de la même façon s’explique par la différence des méthodes. Heymans (Erkenntnisstheorie und Psychologie, in Philosophische Monatshefte, 25 fasc.  1o et 2o, 1889) ramène toutes ces méthodes aux trois principales : critico-téléologique, analytico-empirique, génético-empirique. Avec la première, complète justification des lois de la pensée rattachées à la fin ultime de la pensée ; mais, comme elle veut se limiter à déduire ces lois de cette fin, sa recherche n’aboutit qu’à une simple possibilité ; la seconde, scientifique et complètement légitime, n’atteint la fin qu’au moyen d’une hypothèse ; la troisième nous donne les preuves scientifiques de la formation de la pensée et de ses lois, mais elle ne détermine pas, en la justifiant, la valeur de la pensée. Heymans pense, et Benzoni avec lui, que les avantages de l’une de ces méthodes peuvent suppléer aux défauts de l’autre. Ensuite sont étudiés, d’après le travail de K. Uphues ; Wahrnehmung und Empflndung, les rapports psychologiques entre la sensation et la perception, la nature et la valeur cognoscitive de la pensée, etc.

B. P.