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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Chaignet. Histoire de la psychologie des Grecs. Tome deuxième. Paris, Hachette, 1889 (525 p. in-8o).

M. Chaignet vient de publier le deuxième volume de sa grande Histoire de la psychologie des Grecs ; il y étudie les doctrines psychologiques des stoïciens, d’Epicure et des sceptiques. « Un troisième volume, qui sera, je l’espère, le dernier, dit l’auteur, sera consacré à la psychologie de la nouvelle Académie, des philosophes éclectiques et des alexandrins ; je me propose d’y donner les conclusions de tout l’ouvrage[1]. »

En signalant aux lecteurs de la Revue le tome premier de cette histoire[2], j’avais cru devoir faire quelques critiques. Je regrettais en particulier que le savant Recteur de Poitiers se fût trop scrupuleusement asservi à l’ordre chronologique. Son livre me paraissait être plutôt une collection de monographies qu’une histoire suivie ; il ne me semblait pas former un tout, et j’aurais souhaité, au lieu de ces études distinctes, sans lien entre elles, un travail d’ensemble, bien ordonné, sur le développement, les progrès de la psychologie, depuis les premiers poètes grecs jusqu’à Dicéarque et Straton ; c’était à ces philosophes en effet que s’arrêtait le premier volume. Mais pour suivre toutes les phases d’une science, aurait pu me répondre M. Chaignet, pour en montrer le développement, il faudrait l’avoir organisée soi même. L’exemple de Zeller, pour la philosophie, celui de Siebeck, pour la psychologie, font assez voir combien il est téméraire de prétendre savoir comment la pensée humaine s’est réellement développée. Pour l’historien, même lorsqu’il écrit l’histoire des idées, l’ordre le plus convenable est encore l’ordre chronologique ; tout autre est arbitraire. Que de la suite des faits, il tire à la fin de son récit, certaines conclusions, rien de mieux ; mais il ne peut, sans s’exposer à le fausser, subordonner ce récit à un système préconçu. Je ne discuterai pas ici cette difficile question de méthode historique, mais je m’empresse de reconnaître que le nouveau volume de l’histoire de la psychologie des Grecs est fort différent de celui qui l’a précédé. Avec les stoïciens

  1. Avertissement.
  2. Voir le numéro de juillet 1888.