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REVUE GÉNÉRALE.récents travaux sur l’hérédité

La taille moyenne de ses ascendants est celle même de la population ; en d’autres termes, la valeur la plus probable de la déviation, par rapport à P, de ses ascendants moyens en une génération lointaine, est dite égale à zéro.

Pour la régression fraternelle (du frère au frère), même valeur que pour la régression filiale (du Parent moyen au fils). Le frère inconnu d’un homme connu est probablement aussi exceptionnel que lui dans la raison seulement de 2 à 3. Ce résultat paradoxal s’explique pourtant, si l’on considère que le frère inconnu obéit à deux tendances différentes, dont l’une est de ressembler à l’homme connu, et l’autre de ressembler à sa race. Il tend, d’une part, à dévier de P autant que son frère, et, d’autre part, à ne pas dévier du tout. Le résultat est un compromis.

En définitive, il y a régression du Parent au fils, du fils au Parent, du frère au frère. Comme ce sont là les trois seules lignes possibles de parenté, — descendants, ascendants, collatéraux, — on peut établir en règle universelle, que le descendant inconnu, à quelque degré que ce soit, d’un homme connu, est en moyenne plus médiocre que lui. Si P ± D est la taille de l’homme connu, P ± D’ la taille du descendant inconnu, on peut se hasarder à dire, en l’absence de toute donnée certaine, que D’ est plus petit que D[1].

Au point de vue de la parenté, et en se fondant sur la régression, ce qui fait l’originalité de son procédé, M. Galton pose enfin une autre règle. Selon lui, généralement parlant, un homme est à moitié aussi proche de chacun de ses parents qu’il l’est de son frère, et la parenté paternelle n’est que la moitié de la parenté fraternelle. Les oncles et les neveux sont d’un tiers aussi proches de sang que les frères. Les cousins sont quatre fois et demi aussi éloignés que les pères ou les fils, neuf fois autant que les frères. D’après les mêmes principes, il a calculé la contribution des ancêtres distants. Chaque parent en particulier transmettrait 1/4, chaque grand-parent 1/16, et ainsi de suite.

M. Galton vient ensuite à la discussion des données concernant la couleur des yeux. Elle est une des qualités qui s’excluent ; la taille est de celles qui se marient. Il trouve pourtant que les lois posées pour la taille s’appliquent ici encore. Il serait possible de prévoir la répartition de la couleur des yeux parmi les enfants d’une famille donnée, au moyen de la même loi qui gouverne la distribution de la taille. Pour la transmission de la faculté artistique et celle des

  1. Les mesures de déviation sont prises à partir du niveau moyen dans les deux sens, en haut et en bas. Plus signifie la déviation au-dessus de la moyenne (M) de P ; moins, la déviation au-dessous.