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adultes d’un groupe de parents moyens). Les valeurs étant trouvées, M. Galton tire de son analyse une importante loi, la loi de régression ou loi du retour à la médiocrité. Si paradoxal, nous dit-il, que cela paraisse, la taille d’une filiation adulte doit être plus médiocre en somme que la taille des parents, c’est-à-dire plus rapprochée de la moyenne de la population ; c’est seulement lorsque les parents sont médiocres, que leurs fils, en moyenne, leur ressemblent. Un tracé montre clairement ces résultats ; et l’on peut encore déduire de la figure, que le rapport de la déviation du fils moyen à celle du Parent moyen est constant, quelle que puisse être la taille du Parent moyen. Provisoirement, on l’estimerait de 2 à 3 ou deux tiers : telle serait la raison de la régression filiale, c’est-à-dire la proportion dans laquelle le fils est, en moyenne, moins exceptionnellement grand ou petit que le Parent moyen.

D’ailleurs, on ne pourrait pas conclure de la taille connue du fils à la taille inconnue du Parent moyen, en se fondant sur le même rapport. La fraction est loin d’être l’inverse de 2/3 ; d’après les tables, elle est quatre fois plus petite, soit 1/3. Le parent moyen n’a pas chance d’être plus exceptionnel que le fils, tout au contraire ; le nombre d’individus qui approchent de la médiocrité est si considérable, qu’il est plus fréquent de trouver un homme exceptionnel fils de parents médiocres, que le fils médiocre de parents très exceptionnels.

Ce résultat choque l’opinion commune, qui veut que les enfants ressemblent aux parents ; mais il n’étonnera pas quiconque a réfléchi davantage. M. Galton justifie par un raisonnement péremptoire, p. 116-117, cette curieuse constance statistique dans les générations successives d’une population nombreuse : soit, pourquoi deux larges groupes de personnes choisies au hasard, mais appartenant à des générations différentes, se trouvent d’ordinaire être expressément semblables. J’ai peur d’être long en transcrivant le morceau, et je ne retiens que ces deux raisons, dont le lecteur saisira tout de suite la portée. L’une est fiée à nos notions sur la stabilité du type, le mot type exprimant l’existence d’un nombre limité de formes qui reparaissent fréquemment. L’autre est que l’enfant n’hérite pas seulement de ses parents, mais en partie de ses ancêtres. Or, dans l’ascendance d’un homme, il entre des éléments si divers, qu’elle ne peut plus être distinguée de celle d’un sujet pris au hasard dans la population.

    moyenne des deux parents, on ne trouvera pas de différence dans une fraternité, que l’un des parents soit grand ou l’autre petit, ou que tous deux soient de taille relativement égale. Les schèmes de déviation prouvent qu’il en est précisément ainsi.