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La différence entre les mâles et les femelles consiste d’abord en ce qu’ils sont mâles et femelles. Elle git aussi dans des caractères secondaires, dont on sait que Darwin attribue la conservation et le perfectionnement à la sélection sexuelle. Le mâle serait l’agent le plus actif, selon lui, dans la variabilité, parce qu’il doit conquérir la femelle, lutter avec des rivaux. Wallace, opposant la sélection naturelle à la sélection sexuelle, attribue finalement les caractères du mâle à des lois générales de croissance. Brooks, qui admet la sélection sexuelle, trouve une raison de la plus grande diversité du mâle dans sa théorie, qui réserve aux éléments mâles la fonction de transmettre les variations, et à l’œuf celle de conserver la structure. MM. Geddes et Thomson vont au delà de cette demi-analyse. La sélection sexuelle n’est à leurs yeux qu’une explication de seconde valeur, téléologique plutôt que biologique, d’ailleurs limitée aux espèces capables de quelque appréciation esthétique. La physiologie n’est pas non plus en état de nous expliquer tous les caractères sexuels secondaires. On penche cependant à attribuer à une activité constitutionnelle ces caractère du mâle : taille, agilité, couleurs brillantes, exubérance de poils ou de plumes, défenses naturelles. Et en vérité, ces caractères secondaires sont primaires ; ils apparaissent très souvent avec la maturité du sexe. Les sexes seraient donc, selon nos auteurs, un fait physiologique répondant à l’antithèse fondamentale entre le changement et la conservation.

Ce qu’on peut dire en effet, jusqu’ici, de plus général, c’est que les conditions nutritives favorables donnent des femelles[1], les conditions défavorables, des mâles. Cela conduirait à voir dans la détermination du sexe le résultat des procès protoplasmiques dans le sens de la destruction ou de la conservation. Le mâle résulterait d’un catabolisme prédominant ; la femelle, d’un anabolisme. Le mâle est actif, et la femelle est passive. En un mot, les deux aspects originaux de la vie étant la nutrition et la reproduction, on peut concevoir que chacun de ces états en supporte deux autres qui se correspondent et gardent le même parallélisme : anabolisme et catabolisme pour la fonction nutritive, femelle et mâle pour la fonction reproductive. Un diagramme, que les auteurs mettent plusieurs fois sous nos yeux, rend ces rapports facilement saisissables[2].

[Image à insérer]

Nutrition. Reproduction.

Anabolisme. Catabolisme. Femelle. Mâle.

  1. Chez les abeilles, par ex.
  2. Voici ce diagramme fort simple.