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émotions et de la volonté, tient ce que promet celui-ci, nous aurons un excellent traité de psychologie, supérieur, et de beaucoup, à presque tous ceux que nous connaissons. Nous ne trouvons guère que l’ouvrage de M. Rabier — dont l’auteur a, du reste, emprunté les meilleurs chapitres[1] — qui puisse lui être comparé. Encore sur quelques points, surtout en ce qui concerne les fonctions les plus hautes de la vie mentale, son livre nous paraît-il avoir l’avantage sur le premier. Il est peut-être un peu plus profond sans cesser d’être clair et plus complet sans être plus long. Enfin M. Baldwin a su s’abstenir, ce qui n’est pourtant pas aisé, de résoudre implicitement, à propos des questions que soulève la psychologie, des problèmes métaphysiques. Il s’est tenu à un point de vue strictement scientifique et, s’il étudie la raison dans un chapitre à part, c’est à cause des caractères spéciaux que présentent les connaissances dites rationnelles, et cela n’implique nullement la négation ou l’affirmation de leur réductibilité.

Les sources sont mentionnées ; M. Baldwin indique, à la suite de chaque étude, tous les livres importants de tous les pays et de toutes les écoles, et, ce qui est un mérite plus rare, il a sérieusement consulté tous ceux qu’il cite.

Nous ne pouvons qu’engager ceux qui ont à faire, en deux ou trois mois, un cours complet de psychologie à employer ce manuel. Ils y trouveront un bon résumé et une critique impartiale de ce qu’il y a de meilleur dans des ouvrages qu’ils n’ont pas toujours le temps de lire et presque jamais les moyens de se procurer.

Georges Rodier.

Th. Hobbes. The éléments of law natural and politig. Edition accompagnée d’une préface et de notes critiques, par H. Tönnies, et suivie d’un choix d’extraits des manuscrits inédits de Th. Hobbes. 1 vol.  in-8o, xiii-226 p.. Londres, Simpkin, Marshall et Cie, 1889.

Cet ouvrage a été d’abord publié en deux traités distincts, lej traité de la Nature humaine et le de Corpore politico. On y trouve l’expression première et la plus concise des idées de Hobbes en politique et il est intéressant, pour connaître l’évolution de sa pensée, de comparer ces doctrines à celles du Léviathan. C’est, du reste, de tous les écrits de Hobbes celui que certains de ses contemporains admiraient le plus et que Diderot déclarait être « un chef-d’œuvre de logique et de raison ». Cependant toutes les éditions qui en ont été publiées sont imparfaites et incomplètes surtout pour les treize premiers chapitres de l’ouvrage, — ceux qui formaient autrefois le traité de la Nature humaine. M. Tönnies, en donnant d’après les meilleurs

  1. Voy. les p. 36 sqq., Sur la classification des phénomènes psychiques ; 45 sqq., Sur la mémoire ; 147 sqq., Sur les états forts et les états faibles, etc.