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analyses. — delbœuf. Le magnétisme animal.

précipitée ; physionomie ouverte, mélange de gravité et de simplicité, d’autorité et de douceur ; une gaîté d’enfant… Au surplus, c’est un apôtre, un apôtre qui a tout sacrifié à sa foi : fortune, considération, bien-être… »

M. D. a passé plusieurs jours à Nancy ; il assistait chaque matin, successivement à la clinique de M. le Dr Liébeault, et à celle de M. Bernheim, examinant tout par lui-même, scrutant, interrogeant, prenant t’es notes, faisant des objections, interrogeant les malades, en endormant quelques-uns, en un mot, nous montrant les ressources infmies et la singulière activité de son esprit. Ses appéciations, ses critiques, ses observations remplissent un grand nombre de pages très serrées et très nourries ; nous y renvoyons le lecteur, parce qu’elles ne se prêtent pas à une analyse, qui n’en pourrait donner qu’une idée forcément incomplète.

Le dernier chapitre de M D. a pour titre : M. Liégeois et les suggestions criminelles. L’on pourrait à bon droit s’étonner si je le passais sous silence. Ici l’accord cesse entre M. D. et moi, et nous nous trouvons profondément divisés sur l’une des questions les plus importantes, je dirais volontiers la plus importante, que soulève l’étude, déjà si intéressante en elle-même, des phénomènes de suggestion.

Malgré son importance, ou plutôt à cause de cela même, je ne saurais en ce moment, à la fin d’un compte rendu auquel la place est étroitement ménagée, aborder cette question avec toute l’ampleur et le détail qu’elle comporterait pour être examinée à fond. Je l’ai fait déjà, ailleurs[1], et peut-être y reviendrai-je encore ultérieurement. Pour le moment, je n’en dirai que quelques mots.

M. D., tout en admettant presque entièrement les doctrines de l’École de Nancy, sur la nature des phénomènes de suggestion, s’en sépare en ceci : que les expériences de crimes fictifs ne lui inspirent aucune confiance. Selon lui, les sujets auxquels on fait tirer sur un de leurs proches un coup de pistolet ou à qui l’on suggère l’idée de les désaltérer avec une solution d’arsenic, savent parfaitement que le pistolet n’est pas chargé et que l’arsenic est du sucre en poudre. « On m’a plusieurs fois proposé, dit-il, M. Liégeois, à Liège, me l’a offert aussi, de faire exécuter des crimes à mes sujets, de me faire verser par eux du poison, ou de leur faire poignarder un cadavre à l’hôpital pour lui voler sa montre ; je m’y suis toujours refusé. Pourquoi ? Parce

  1. Les lecteurs que cette question intéresserait pourront consulter : 1o De la suggestion hypnotique, dans ses rapports avec le droit civil et le droit criminel, Mémoire lu, par moi, en 1884, à l’Académie des sciences morales et politiques (séances des 5, 19, 26 avril, 3 et 10 mai) ; 2o De la suggestion et du somnambulisme dans leurs rapports avec la jurisprudence et la médecine légale, vol.  in-12 de 760 p.., que j’ai publié, à la fin de 1888, chez O. Doin, éditeur à Paris ; 3o le Rapport que j’ai présenté sur le même sujet au Congrès international de l’hypnotisme expérimental et thérapeutique, tenu au mois d’août 1889, à l’Hôtel-Dieu de Paris, sous la présidence de M. le Dr Dumontpallier. (V. p. 244 à 278 des Comptes rendus de ce congrès, 1 vol.  in-8o 1889, O. Doin éditeur.)