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analyses. — delbœuf. Le magnétisme animal.

l’on croyait alors, à Paris, le sujet endormi, qui paraît ne pas entendre, entend ; nous l’avons prouvé plus d’une fois à Nancy, MM. Liébeault, Bernheim, Beaunis et moi.

Rentré à Liège, M. D., qui n’est pas homme à jurer in verba, magistri, voulut faire par lui-même des expériences, afin d’arriver à une conviction raisonnée. Il s’attendait à produire les phénomènes qui l’avaient « émerveillé et un peu bouleversé » à la Salpêtrière, et… il produisit les phénomènes que nous avons si souvent obtenus à Nancy, mes amis et moi. Il soupçonne alors que « la conduite des sujets pourrait provenir en partie de leur hypnotiseur. Il fait des expériences pour vérifier ses soupçons et elles en montrent la légitimité. »

M. D. tenait enfin l’explication des phénomènes exhibés à la Salpêtrière. « Ils étaient dus à l’entraînement et à la suggestion. L’opérateur aura regardé comme essentiels des caractères tout individuels, sinon purement accidentels, présentés par son premier sujet. Usant inconsciemment de la suggestion, il les aura transformés en signes habituels ; il se sera attaché, toujours sans le savoir, à les obtenir des autres sujets, qui les auront reproduits par imitation, et ainsi le maître et les élèves, s’influençant réciproquement, n’auront pas cessé d’alimenter leur erreur. »

M. D. fit de ses réflexions la matière d’un article qui a paru ici même (août 1886, p. 146), sous ce titre : De influence de limitation et de l’éducation dans le somnambulisme provoqué.

Il fut ensuite amené à s’occuper d’une question sur laquelle on est loin encore d’être d’accord, je veux dire les représentations publiques d’hypnotisme. Ces représentations offrent-elles de véritables dangers, comme le prétendent un grand nombre de médecins ? Ont-elles des résultats funestes pour la santé des jeunes gens qui se soumettent aux expériences des Hansen, des Donato, des Léon, etc. ? Doit-on considérer comme fâcheuse la diffusion des procédés par lesquels on peut provoquer les différents états hypnotiques ? Les pouvoirs publics doivent-ils intervenir, pour interdire les exhibitions publiques et réserver aux seuls médecins le monopole de l’hypnotisme ? Autant de points sur lesquels M. D. a pris nettement position en faveur de la liberté aussi bien des représentations publiques, que des recherches scientifiques que peuvent tenter les personnes qui n’appartiennent pas au corps médical. Il publia, dans le Journal de Liège, des Lettres a M. Thiriar (représentant et médecin à l’Université de Bruxelles, qui avait demandé des mesures de répression). Nous croyons qu’il a victorieusement démontré le peu de solidité des arguments invoqués contre la liberté de l’hypnotisme et réduit à néant, ou à peu près, les faits avancés, notamment par M. le professeur Lombroso, de Turin, pour prouver que des sujets hypnotisés par Donato avaient éprouvé, à la suite des expériences auxquelles ils s’étaient soumis, de graves crises d’hystérie qui avaient pour cause unique ces mêmes expériences.

La question examinée par M. D. a été résolue, contrairement à ses