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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


H. Beaunis. Les sensations internes. 1 vol.  in-8o. Bibliothèque scientifique internationale. F. Alcan, Paris, 1889.

L’étude des notions fournies par les sens dits spéciaux, toucher, goût, odorat, ouïe et vue, peut être considérée aujourd’hui comme très avancée ; si toutes les questions soulevées par cette étude n’ont pas encore été résolues par les physiologistes et par les psychologues, il s’en faut de beaucoup, presque toutes du moins sont bien posées, — ce qui est incontestablement un grand pas de fait dans toute connaissance scientifique. Il en est autrement pour les sensations qui ont pour point de départ ordinaire les organes internes et qui sont, d’une façon très générale, représentatives, non plus des objets extérieurs, comme les sensations spéciales, mais des états de notre corps : ce sont les sensations dites internes, le Gemeingefühl des Allemands.

Ici, non seulement la plupart des questions attendent une solution, mais encore beaucoup n’ont même pas été abordées, beaucoup d’autres ne sont même pas posées ou le sont incomplètement. On voit surgir une foule de problèmes essentiels, on ne voit pas de quelle façon les étudier.

Il faut donc savoir le plus grand gré à M. Beaunis du travail qu’il a récemment publié sur ce sujet. Nul peut-être n’était plus autorisé pour écrire un tel ouvrage que ce savant physiologiste, qui est en même temps, on le sait bien maintenant, un psychologue instruit, ingénieux dans la recherche, et souvent pénétrant.

Le plan de l’ouvrage est très étendu : les sensations internes sont divisées en huit classes ; la première comprend, sous le nom de sensibilité organique, les sensations qui proviennent des organes et dei tissus, à l’exclusion des organes des sens spéciaux ; la deuxième comprend les besoins, divisés en besoins d’activité (tels que les besoins en rapport avec les fonctions digestives, le besoin sexuel, etc.) et besoins d’inaction (le besoin de sommeil, par exemple) ; dans le troisième groupe sont rangées les sensations que l’auteur appelle fonctionnelles, c’est-à-dire celles qui correspondent à l’exercice des diverses fonctions ; c’est avec ce groupe que sont étudiées les sensations musculaires ; la quatrième classe comprend l’ensemble des sensations qui concourent à la formation du sentiment de l’existence ou cénesthésie ; la cinquième