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A. BINET.mouvements des jeunes enfants

Comme il y a presque toujours dans un dispositif d’expérience des conditions particulières dont il est parfois difficile de se rendre compte, et qui empêchent cette expérience d’être comparable à celle d’un autre observateur, j’ai eu soin de prendre le temps de réaction de quelques personnes adultes, avec les appareils que je viens de décrire, afin d’avoir un terme de comparaison ; j’ai trouvé, pour les réactions aux excitations auditives, un temps de réaction moyen égal à 0″,44. Ce nombre ne diffère pas sensiblement de celui qui a été donné par d’autres auteurs.

Les enfants sur lesquels j’ai pris des temps de réaction sont au nombre de quatre ; le plus jeune est une petite fille âgée de quarante-trois mois ; l’aîné a sept ans et demi. Voici leurs temps moyens de réaction.

Madeleine (43 mois)
0″,475
Adrienne (4 ans)
0″,665
Blanche (7 ans)
0″,585
Alexandre (7 ans et demi)
0″,445

Les temps maxima ont été :

Madeleine
0″,925
Adrienne
1″,925
Blanche
1″,305
Alexandre
0″,755

L’élévation des temps minima me paraît bien caractéristique, et il est rare qu’un adulte bien portant ait des temps de réaction aussi longs.

Les temps minima ont été :

Madeleine
0″,195
Adrienne
0″,205
Blanche
0″,205
Alexandre
0″,205

Nous croyons que les temps minima ont ici une importance spéciale, car ils correspondent très probablement à l’expérience où l’attention du sujet était le mieux fixée. Il est quelquefois délicat de décider si un tel temps minimum ne tient pas à une coïncidence, c’est-à-dire à un hasard. Aussi n’en ai-je tenu compte que lorsqu’il ne présentait pas un caractère exceptionnel.

Les variations des temps de réaction indiquent bien, du reste, la difficulté qu’il y a à retenir l’attention d’un enfant.

On voit que le temps minimum, chez les enfants que nous avons étudiés, reste toujours supérieur au temps minimum d’un adulte bien portant.