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donné, et que ce mouvement doit être exécuté aussi vite que possible.

J’ai étudié les temps de réaction en me servant d’appareils enregistreurs, mais il est possible de se faire une idée grossière de la lenteur avec laquelle les enfants répondent volontairement à une excitation sans recourir à un appareil d’aucune sorte ; il suffit pour cela de mettre un doigt dans la main d’un enfant, et de le prier de serrer quand on fera entendre un signal convenu d’avance, par exemple quand on lui dira : « Serre fort ! » On peut alors facilement s’apercevoir que la pression de l’enfant se fait sentir assez longtemps après le signal, et que l’enfant a de la peine à faire une pression courte ; il serre en général très longtemps. L’emploi de la méthode graphique permet d’arriver à une notion plus exacte du temps de réaction et de la forme de la contraction musculaire.

J’ai employé le dispositif suivant : le signal, qui a toujours été de nature acoustique, était donné par un métronome, dont un aide mettait en mouvement le mécanisme au moment désirable ; le signal consistait donc dans le petit bruit sec produit par le métronome. Le moment précis où ce bruit se faisait entendre était enregistré par un cylindre tournant auquel le métronome était relié. La réaction du sujet, c’est-à-dire le mouvement que l’enfant devait exécuter sitôt qu’il entendait le signal acoustique, ne consistait pas, comme cela est d’usage, dans l’interruption d’un courant électrique ; j’ai pensé que ce mode de réaction, qui a été si souvent employé, a l’inconvénient de ne pas nous donner de renseignements sur une partie de l’expérience qui est très intéressante à connaître, surtout quand il s’agit de jeunes enfants : je veux parler de la forme de la contraction musculaire. Une expérience doit être aussi complète, aussi compréhensive que possible, et éclairer le plus grand nombre de phénomènes. J’ai donc recueilli la contraction musculaire d’une façon directe, en me servant des appareils graphiques ordinaires que l’on doit à M. Marey ; ainsi, dans un certain nombre d’expériences, un tambour myographique a été appliqué sur le bras du sujet, et celui-ci était prié de plier le bras au signal ; ou bien un simple tube de caoutchouc fermé à une de ses extrémités était placé dans la main de l’enfant, et celui-ci était invité à serrer brusquement le tube au signal ; dans tous les cas, ces divers appareils étaient reliés au même cylindre enregistreur que le métronome, de sorte que l’intervalle de temps qui s’écoulait entre le signal et le mouvement de réponse de l’enfant pouvait être mesuré exactement sur le tracé. Ajoutons, pour terminer ces quelques indications, que la marche du cylindre était contrôlée par les vibrations d’un diapason, et dans quelques expériences, par le métronome lui-même.