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ANALYSES.s. novanticus. Metaphysica nova et vetusta.

une telle unité était atteinte, le doute transcendantal ne serait plus à craindre : ce qui est en soi se réconcilierait avec ce qui est dans la pensée, et toute dualité, avec le doute qu’elle engendre, s’évanouirait dans l’unité. »

X.

Scotus Novanticus. Metaphysica nova et vetusta. A return to dualism. (Second édition, revised and extended. Williams and Norgate, London and Edinburgh, 1889.)

Il nous est agréable de signaler cette deuxième édition d’un livre que nous avons recommandé ici même à son début[1] La Métaphysique ancienne et nouvelle de Scotus Novanticus, ou plutôt — car succès oblige et l’auteur a cette fois rompu l’anonyme — de M. S. S. Laurie, professeur à l’Université d’Edimbourg, méritait d’être lue avec le plus grand soin, pour être appréciée. Elle a su, en Angleterre et ailleurs, intéresser le public par le sérieux des conceptions, comme elle a attiré l’attention spéciale des critiques par la finesse des analyses, la profondeur des déductions, et la rigueur, un peu tendue parfois, de la méthode dialectique. Au total, livre de haute valeur, digne de l’écrivain érudit et exercé qui l’a conçu et du public savant auquel il s’adresse.

L’œuvre, mieux adaptée aujourd’hui aux nécessités d’une lecture patiente, a pris plus de corps. Une centaine de pages nouvelles (1re éd., 182 p. ; 2e éd., 295 p.), et des plus substantielles, ont été écrites par M. Laurie, dans le dessein de se faire plus complètement entendre là où la pensée encourait le risque d’être taxée de subtilité extrême.

On sait que, d’après notre auteur, la connaissance humaine tout entière, du plus bas degré au plus élevé, n’est que la manifestation progressive d’une « activité fondamentale » qu’il appelle la « Volonté-Raison ». C’est, selon lui, l’idée de force, de puissance cinétique capable de se déployer pour ainsi dire hors d’elle-même, de s’analyser elle-même dans ses sensations et de se distinguer en même temps de celles-ci (considérées comme objets), qui nous révèle notre propre existence consciente et personnelle. Toutes les formes cognitionnelles de l’intelligence, toutes les catégories de l’entendement dérivent de cette activité cinétique, que rien ne produit, qui se produit d’elle-même (stupendous central force) et qui par suite mérite d’être appelée libre. Le premier acte de conscience n’est que la première prise de possession de cette activité par elle-même. Ce n’est pas un hiatus dans l’ordre de la vie organisée où tous les degrés s’entretiennent, mais c’est un élan nouveau, absolument remarquable, de l’activité fondamentale réduite jusqu’alors à l’état purement sensitif, que M. Laurie nous décrit ainsi :

  1. Revue philosophique, février 1887.