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ANALYSES.A. Fouillée. La philosophie de Platon.

puisque « les Idées se rapporteraient à elles-mêmes, et ce qui est en nous à ce qui est en nous ». Mais, d’autre part, l’Idée présente et immanente aux choses, παροῦσα, ἐνοῦσα (termes qui expriment la vraie doctrine de Platon), n’admet pas dans sa pureté intrinsèque la génération, le mouvement, le devenir ; elle n’en contient que le principe et la condition éternelle. L’idée est donc, en elle-même, supérieure à tout ce qui est muable. « Imaginez une roue qui tourne, dit M. Fouillée, le centre est immobile, les rayons sont emportés par un mouvement perpétuel. L’unité est le centre lumineux et ardent de l’Univers ; tous les êtres changeants en sont les rayons ; les Idées sont les points de départ des rayons multiples et diversement colorés dans l’unité éblouissante du centre. »

On voit que M. Fouillée, pour l’intelligence du platonisme, accorde une grande importance au Parménide. Par les éclaircissements nouveaux que contient cette seconde édition, il pense avoir donné de ce difficile dialogue une interprétation vraiment positive. Outre les chapitres sur la participation contenus dans le premier volume, le second renferme un appendice consacré à l’explication du Parménide, dont M. Fouillée a découvert le plan, tracé par Platon lui-même, dans une page capitale du Philèbe.

Le troisième volume, intitulé Histoire du platonisme et de ses rapports avec le christianisme, contient des chapitres nouveaux sur le platonisme dans les temps modernes, depuis Descartes et Malebranche jusqu’à Kant et Schopenhauer. M. Fouillée montre que ce dernier est un platonisant. Schopenhauer a d’ailleurs adopté expressément et développé la théorie entière des Idées platoniciennes dans un des livres de son ouvrage sur le Monde comme représentation et volonté.

Le volume qui excitera le plus vif intérêt et que bien des professeurs de philosophie voudront sans doute voir aux mains de leurs élèves, c’est le quatrième, qui renferme ces Essais de philosophie platonicienne, « écrits, dit M. Fouillée, avec l’enthousiasme de la jeunesse, sous l’influence de la grande doctrine idéaliste que nous venions d’étudier et de commenter ». M. Fouillée a cru devoir laisser ces essais, à cause de la faveur avec laquelle ils furent jadis accueillis et des éléments de vérité ou de possibilité qu’ils peuvent encore contenir. Il y a même ajouté des fragments de son Mémoire sur Platon qu’il n’avait pas d’abord publiés, notamment une curieuse étude sur l’optimisme platonicien et alexandrin. Il a partout rectifié les inexactitudes de déduction sans modifier les principes qui servent de point de départ, ὑποβάσεις ;. « Quoique notre pensée, dit-il, depuis ces années de la jeunesse, ait subi le changement et le développement inévitables pour toute pensée vivante et sincère, nous croyons qu’il y a encore et qu’il y aura toujours, pour le philosophe, de l’utilité à dire comme Ramus : « Moi aussi je veux socratiser, je veux platoniser. Il y a une sorte de platonisme éternel qu’il importe au philosophe de com-