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ANALYSES.ch. richet. La chaleur animale.

on peut le constater par l’examen de la courbe ci-dessus, qui a été dressée par M. Richet d’après les observations de quelques auteurs, celles de M. Jurgensen en particulier, et d’après les siennes propres.

Il résulte de la régularité de cette courbe thermique, qui est constante, que notre température passe par un minimum, qui se présente toujours à peu près à la même heure, vers trois, quatre ou cinq heures du matin, et par un maximum, vers trois, quatre ou cinq heures de l’après-midi. Pendant la nuit, à partir du moment où l’on se couche jusqu’au réveil, la température s’abaisse ; le matin, elle s’élève lentement.

On a prétendu que l’élévation de la température était sous l’influence des repas : mais l’inspection seule de cette courbe montre qu’on ne peut soutenir cette idée, puisque le maximum est précisément à quatre heures, et que le mouvement de baisse est déjà fortement accentué de six à sept heures du soir, c’est-à-dire au moment où se fait généralement le repas du soir. De même, le sommeil commençant de dix à onze heures du soir en finissant vers sept heures du matin, on voit aussi très bien que ce n’est pas le sommeil qui fait baisser la température, mais bien le besoin ou le moment du sommeil, c’est-à-dire que la température commence à baisser bien avant que le sommeil ait commencé, le soir vers six heures, alors que l’individu est encore tout à fait réveillé. Par conséquent, lorsqu’arrive le soir, on se refroidit. Ni l’exercice musculaire, ni la digestion n’empêche cette variation de se produire, et le refroidissement périodique, qui commence avant le sommeil, et qui va en diminuant à partir de cinq ou six heures du matin, est indépendant du sommeil.

Pour M. Richet, cette oscillation dépend principalement du système nerveux. Si l’on admet en effet — et il en poursuit plus loin la démonstration — que le système nerveux préside aux actions chimiques de l’organisme, on comprend que son excitation doive produire de la chaleur et que son inactivité ralentisse la calorification. Or, dans le milieu de la journée, vers trois ou quatre heures de l’après-midi, toutes les excitations, telles que la lumière, le bruit, l’activité psychique, sont à leur maximum. Alors le système nerveux, ainsi surexcité, produit son maximum d’action ; et c’est en effet à ce moment que la courbe thermique atteint son fastigium. Mais cet effort l’a épuisé, et l’on voit, à partir de ce moment, la production de calorique diminuer. En un mot, de même qu’il y a pour la vie psychique un sommeil, c’est-à-dire un repos du système nerveux, qui a lieu régulièrement une fois en vingt-quatre heures, de même il y a, pour la vie organique, une sorte de sommeil normal, qui survient toutes les vingt-quatre heures, qui commence à huit heures du soir environ, et qui finit vers huit heures du matin, mais avec des dégradations lentes, aussi bien quand il commence que quand il finit.

Passant alors en revue les diverses conditions qui peuvent faire varier la température humaine, en dehors de la variation périodique normale qui vient d’être décrite, l’auteur étudie l’influence de l’âge, du sexe, de la nutrition, du travail, du climat.